21 Le Flambeau - 06

c'est-à-dire du còté de Cogne. Puis, rempli de JOie et de légitime fìerté, il poussa un jodel formidable qui fìt trerubler sm· leurs bases les pierres mal ajustées et mal superposées des rochers du sommet. Pour ne pas qu'il lui fut anivé de disgriìce. nous l'attachames solidement à la roche et mimes devant lui un petit sac de son à lécher. Il ne se fìt pas prier. On voit qu'il n 'était pas attaqué par le mal de montagne. Et de temps en temps, plein d~ contentement. il relevait ses larges lèvres et le bout de son museau tout enfariné. En attendanl, les deux caravan~s arrivèrent et passèrent à còté de nous pour aller se reposer quelques pas plus loin sur des rocher;; que nous avions laissés à leur disposition. Et tous les membres de ces deux caravanes, en passant à còté de not1·e ane, lf, caressaient. lui tapaient sur les hanches en disant: - Brave Cagliostro, Brave Cagliostro ! Ces effusions de ten– dresse auraient meme été poussées beaucoup plus loin, n'eut été l'étroitesse et le danger de la position qui ne permettait absohunent pas des explosions trop ostensibles d'enthousiasme. Nous mangeames _nous aussi, finies le thé, rebourrames nos pipes· et contemplames d'un oeil distrait le panorama immense, tou– jours le meme depu.is des siècles et des siècles, toujours nouveau. Puis nous nous préparames à la descente qui ne 11ous donnait pas de soucis. Le soleil briìlant avait ramolli énormément la neige. Dans les endroits plans·, nous enfoncerons bien un p eu, et 1nem; beaucoup: mais dans les endroits rapides, nous partirons à la glissade avec ·no– tre ane. Pas de danger de se faire du mal, cm·, en aucun endroit, il n'y a ni des précipices cachés ni des pierres affleurantes sur le névé. C'est une heure. Cagliostro s'apercevant qu'il fallait redescendre par des endroits si rapides, lacha une pétarade solennelle. C'était le signe infaillible qu'il avait peur. - As pas peur, dis-je à Cagliostro, tu venas qu'il ne t'arrivera aucun mal. Je le pris par la bride. Et Dayné lui donna lentement de la corde jusqu'au bord de la crevasse: ici Dayné nous rejoignit. Puis tous les deux nous poussames vigoureusement. l'ane par– dessus la crevasse: il fìt un saut, et il tomba dans la neige molle où il disparut presque tout entier; puis il s'en partit en glissade avec le Cap Matapan en avant. La neige molle s'amoncela petit à petit sous lui jusqu'à ce qu'il s'arreta sur la première terrasse de neige. En le voyant ainsi partir, quelques-uns des deux caravanes qui étaient au sommet du Grand Paradis s'écrièrent: Pauvre Cagliostro ! pauvre Cagliostro ! Il est perdu ! Quel dommage; M.eme quelques demoiselles faillirent s'évanouir. Mais Cagliostro, arrivé au bout -41-

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