21 Le Flambeau - 06
J ean-Baptiste de Tillier avait consacré une certaine atten– tion à tous ces vieux textes et il nous en a donné la synthèse suivante en parlant des Salasses: « C' était une ancienne peu– plade de la Gaule transpadane, venue, parait-il, en ce pays sous .la conduite de Cordélus, fils de Statiel, que la tradition se plait à faire descendre de Saturne... Ce Cordélus, un cles géné– raux du grand Hercule, se serait trouvé à la suite de ce fameux héros, lorsque après avoir subjugué plusieurs nations voisines des Alpes, il cherchait une route à travers ces affreuses mon– tagnes pour gagner l'Hespérie. Il fut laissé dans ces lieux avec ses Salasses, dont le pays tout entier prit le nom >>' . En plein vingtième siècle, l' évocation du fantomatique Hercule et du légendaire Cordélus fait sourire la plupart des gens et semble oter tout crédit aux textes poussiéreux de~ écri– vains et des poètes de l'antiquité. Il doit y avoir , pourtant, sous la carapace de ces croyances traditionnelles, une certaine partie de vérité historique, mais il n'est guère facile de la mettre en lumière. L'histoire des temus les plus reculés est pleine de mythes et de légendes, dans lesquels des forces sur– naturelles entrent en jeu. L'homme oréhistorique, beaucoup plus émotif que celui des temps modernes, se laissait facile– ment impressionner par des év~-nements retentissants. Le plus ancien peuplement de la Vallée d'Aoste s'est véri6é vraisem– blablement vers la fin du quatrième millénaire avant l'ère chrétienne. Cette conquete a du poser des orohlèmes tellernent ardus , vu la rigueur du climat et les difficultés naturelles de toute sorte, que pendant longtemps on l'a supposée impossible sans la complicité des dieux. De là an mythe d'Herculc il n'y . ' . . ava1t qu un pas. Cordélus - - sous ce nom ou sous un autre -- aurait donc réellement existé. Il se p eut qu 'il fut le premier chef de tribu celte qui installa une station humaine sur les replats 'de nos montagnes. - Son exploit, presque surhumain pour l'époque, de– vint légendaire. On fit de lui un rejeton des dieux. (5) J .-B. DE TILLIER, Historique de la Vallée d'Aoste, 1888, pag. 13. -59
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