21 Le Flambeau - 06

pour son carac~ère violent. Pendant près de tl"Ois jours, il terrorisa les populations de son fief; il fit hommage de fidélité au comte Aimon de Savoie, puis se révolta au comte Vert. Une petite guerre éclata, le chateau fut assiégé et pris. Le triste sit-e de Cly fut expulsé vers l ' an 1376. Une vieille charte concernant les tran,;actions de Ripaille du H janvier 1384 cite les sicaires de Pierre de Cly: Jean de Mita dit Torrens•, Jean de Septumian son frère, Pierre Chapelain de Cham– bave, Martin de Patu de Mingay, Martin du Grand Wurpil (du grand renard) , Jean de Cresta, Boniface de la Mestra et Guillaume de Chaleya. Les comtes de Savoie s'emparèrent aussi, à la meme époque, du chateau de Quart, et après la mort de Henri de Quart ils firent transporter ses cinq filles au ohateau de Cly, où elles huent élevées, puis mariées. Après la turbulente et rageuse époque de Pierre de Cly, les pauvres populations de Saint-Denis n ' auraient-elles pas accueilli avee joie et émotion l'entrée au chateau de ces gracieuses chatelaines, qui y portaient le charme de leurs personnes et l ' espoit- d'une ère de douceur et de paix ! L 'imagination cherche à entrevoir les scènes de la vie de cette lointaine époque. A travers les hauts murs d'enceinte et la grille de fer des fenetres, le jour perce sombl·e dans le grand salon. En hiver, les journées sont bien longues; de grands fourno?;aux de pierre chau[– [ent très peu les appartements. Les jeunes chatelaines suivent les leçons du précepteur, brodent, lisent de longues histoires. Le soir, la lampe à huile, devenue fumeuse, jette une pale clarté et les om– hres deviennent m ystérieuses. Dans la grande c.heminée, des troncs de sapin bn'ìlent en pétillant. Le chatelain pourvoit aux vivres des seigneurs et de tout le personncl. Et le paysan qui a cultivé les terres du seigneur porte au chateau ses meilleurs produ..its. Parfois, des montures venues de loin amènent des raretès , des objets d..ivers qui soulèvent l'admiration, de fins draps et <l'élégantes chaussures. De temps à autre des parents, un seigneur ami, un beau page, un troubadour arrivent au manoir et c'est alors un doux tayon de joie qui vient réjouir la solitude des habitants du chateau. L'amour qui règne en tout temps agite le coeut· des nohles cha– telaines. Avec quelle anxiété attendent-elles lme lettre d'un fiancé, d'un amant; qùelle joie n ' ont-elles pas en regardant sur la tour, au loin et au-delà de l ' enceinte, l ' arrivée de la personne chérie, tant invoquée ! Combien de fois n'ont-elles .pas pris leurs ébats au..x abords du chateau, parcouru la campagne alentour, cueillant des fleurs, portant des fruits, abordant l'humble paysan tou.t révéreu– cieux à leln- passage, comme à celui d'une petite fée souriante ! -78-

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