22 Le Flambeau - 12
be, fumer chaque deux ans. Mais avec cela, la production augmen– te d'année en année. J e crois bien que, bien entretenu, cette nouvelle vigne durera assez long– temps. C'est ainsi que les paysans de Perloz, de Pont-St-Martin, de Donnas, d'Arnad, de Montjovet, de toute la Vallée d'Aoste, ont re– construit leurs vignobles, avec une patience digne de nos an– ciennes traditions. Ce jour-là, donc, le jour de Saint-Pantaléon, j'ai fait cette grimpée formidable dans le seul but d'éclaircir le mystère. A droite et à gauche, des treilles chargées de grappes un peu flétries par l'ardeur du soleil, mais pas à bout de force et de vitalité. Et meme par ci par là quelques graines commençaient déjà à prendre un teint rose. J e n'y ai pas vu trace de mala– dies, malgré la distance des lieux habités. Il y a bien là-haut, parmi les rochers, quelques batisses: je m'en suis approché, mais je les ai trou– vées toutes désertes. Les habi– tants, qui sont probablement de Perloz, sont maintenant à Ruines, à Marine, au Pessey à faucher l'herbe. Montons encore. Voici enfin un village, caché parmi les grands chfttaigners. Il est presque dés– habité en ce moment. J'y ai re– marqué une tine creusée dans une roche fixe, de la capacité de cinq hectolitres environ. Elle appar– tient à la cave de M. Crétaz René, de Perloz. Un jeune homme dont la maison à Pont-Saint-Martin a été détruite par les bombes en 1945, m'a accueilli aimablement. J'ai gouté à sa grolle, et ce vin excellent m'a donné de l'énergie. Je n'ai pu avoir là, à Bosc, les in– formations que je désirais, sur les vignobles. Mais ce que j'ai vu me suffit, pour le moment. J e ne suis guère compétent en matière, mais, selon moi, le pe– cotendro ou nebiolo est ce qui convient le mieux dans les ter– rains scisteux et argilleux. C'est un cep vigoureux, qui a besoin d'espace. Il ne fructifie qu'après cinq ou six ans, mais depuis lors la production augmente. Les grap– pes sont longues, épaulées, très vertes avant la maturité qui arri– ve entre la fin septembre et le commencement d'octobre selon la localité. C'est un excellent raisin de ta– ble; mais c'est surtout un vin sans pareil, pas très chargé de couleur, mais capiteux, fort en al– cool et possédant un amer spécial qui plait. Il ne perd pas à etre conservé en bouteille ou meme en tonneau bien bouché. D'ail– leurs il est bien connu, mais pour qu'il soit parfait il doit murir bien, à la chaleur, au soleil. Il y a beaucoup de cultivateurs, aujour– d'hui, qui lui préfèrent le barbe– ra. Je ne nie pas les qualités du bon barbera, chargé de couleur, capiteux, puissant. Mais il n'a pas cet aròme qu'avait notre pecoten– dro d'autrefois. Le barbera est très productif, et n'est pas très sujet aux maladies. -108-
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