22 Le Flambeau - 12

A voir la dimension des domiciles, et leur disposition, je crois que l'on pourrait fort bien trouver un gite confortable dans ce chalet ex– posé au couchant, et partir de là de très bonne heure pour assister au lever du soleil sur le Mont Fallère. Je note ce chalet exposé au cou– chant parce que le chalet qui porte le nom de Vergiuin et qui a donné son nom au vallon, se trouve un peu plus haut, au centre du vallon et exposé au midi. Comme le tout ne forme qu'une seule exploitation fro– magère, je note le chalet oi1 nous nous sommes arretés 1 • Les paturages sont cédés actuellement en exploitation à un très intelligent cultivateur du pays, mais les domestiques de la montagne sont tous étrangers à la commune de Saint-Pierre. Pourquoi cela ici comme je le remarque ailleurs ? Entrons d'emblée dans la question économique et ouvrière. A ne juger les choses qu'à la surface, il paraitrait préférable tant pour les maitres que pour les ouvriers de prendre toujours et partout pour domestiques des ouvriers et des hommes du pays; alors l'on se connait les uns les autres et l'on connait le genre du travail qui \Tarie toujours quelque peu d'une vallée à l'autre. On peut admettre cela pour les ouvriers au jour le jour, mais non autrement. Tu me traiteras de paradoxal: à égalité de payement, les maitres et les ouvriers ga– gnent à etre étrangers les uns aux autres. Pour le maitre d'abord. Il a son domestique à lui et tout à lui, sans soucis des relations de parenté, de famille, de préjugés, de sur– noms et sobriquets. Ce domestique fera, sans répugnance, un travail quelconque commandé par le maitre qui le paye, il rira peut-are dcs innovations contraires à sa routine, il s'en moquera intérieurement, mais il exécutera le travail ! Et si le succès répond heureusement à l'essai, il rapportera, à la fin de la campagne, chez lui et introduira dans son pays un véritable progrès, auquel la porte aurait été fermée sans cela. Et le maitre pourra compter sur la fidélité d'un domesti– que que l'eloignement de sa famille soustraira aux tentations d'infi– délités presque inconscientes par la comparaison trop rapprochée de ce qu'il y a de superflu chez le maitre et de déficit dans la famille de l'homme de service. Ne comptons pas les mille autres avantages pour toutes les relations de babil, de commérage, d'intercession, de protec– tion, de payemerit anticipé, de pret d'argent, de journées en famille à remplacer plus tard, ect., etc.. Pour le manoeuvre, pour l'ouvrier, pour le domestique, laisse-moi recourir à un texte du Saint-Evangile et lui donner ici une extension, une interprétation un peu en dehors de ce que l'on peut dire sur la l) Il pnrait me souvenir qu'il s'appelie Frumier, nom que l'an donne quel– quefois au valloh entier et qui me semble provenir de la multitude de Jour– miliè1·es qui se trouvaient dans la foret actuellem:mt détrUJte. -124-

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