22 Le Flambeau - 12
Cange, en son volumineux ouvrage, porte une conclusion, qui nous rassure: « Cette histoire est embarrassée, suivant le sentiment des plus scavans ,s, Trois inventions ont été narrées par des auteurs grecs anciens. Disons de suite que dans aucun de ces récits nous ne pourrons cher– cher à piacer saint Grat, puisqu'ils lui sont antérieurs de plusieurs siècles. Si nous relevons, en passant, ces narrations, c'est uniquement dans le but de donner un aperçu général de l'histoire de ce chef à controverse et d'entamer la question en sa base. La première invention aurait été faite à Jérusalem meme. Cachée dans l'un des palais que le roi Hérode possédait en la capitale, la te– te du décapité aurait été découverte par des moines, vers l'an 390. On l'aurait alors transportée à Constantinople (Istambul), capitale de l'empire romain à cette époque. L'empereur Théodose-le-Grand fera bàtir une fort belle église pour abriter ce précieux dépòt. Une deuxième invention, racontée par Denys-le-Petit, moine du VIe siècle, aurait eu lieu vers 450 (454, précisent les A.S.: juin-V, 621). Ce chef aurait alors atterri à Emèse, ville de Syrie, sur l'Oronte, au– jourd'hui en ruines. La troisième l'aurait amené d'Emèse en une pe– tite bourgade d'Arménie, Comane, devenue célèbre depuis ce jour. Qu'en est-il exactement ? << Dans tout ce qui est dit de l'histoire du "chef de st 1.-B." durant les douze premiers siècles... il n'est pas toujours facile de faire la part de la vérité et la part de la légende >>, écrit, à la suite de Du Cange, Mgr Duhamel, curé de la cathédrale d'Amiens, curé et cathédrale dont nous aurons à reparler à la fin de notre exposé. En tous les cas, si nous retenons ces inventions, très brièvement résumées, ni la première ni la troisième ne peuvent nous intéresser: la date de l'une est trop ancienne, et celle de l'autre reste inconnue. Nous nous arreterons donc à la seconde, le premier Grat - 451 ou 55 - nous remémorant ce millésime, cet éveque que les critiques veulent comme le véritable et unique saint Grat. Dans le récit de De– nys-le-Petit il es,t question aussi de moines (de meme dans la pre– mière invention), pélerins aux Lieux-Saints, et c'est toujours par u– ne apparition céleste que leur est révélé l'endroit où se trouve le chef de Jean-Baptiste. Dans la légende de Grat intervient (petit détail, mais d 'une cert~ine importan~e) une femme, une << matrona», alors que dans une atitre version que celle de Denys, Siméon Métaphrastt' raconte cette découverte en la vie de sainte << Matrona ». Par ces menus détails on voit comment il est permis de faire les rapprochements entre le récit grec et la légende valdòtaine. En ces 5) Charles Dufresne, Sieur du Cange : «Traité hist, du chef de st Jean– Baptist~» - 1665. -28-
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=