22 Le Flambeau - 12
Le noyer Combien de générations sont-elles passées sur le sentier que protègent tes branches énormes, Noyer, vieux survivant de tant d'hécatombes? Heureux l'homme qui t'a sauvé parmi tant d'autres qui peuplaient nos beaux prés, toi, témoin des ages révolus! Combien d ' ombre fraiche as-tu dispensé au temps où le' soleil implacable sèche les foins et murit les moissons de Sévi– gnan à Daillan ? Et comhien de fruits succulents as-tu déposé sur la table du Paysan, afin qu 'jl ait pu dignement accueillir les amis avec le pain noir des champs qui sont là-bas en dessous des prairies et le vin des Cretes et de Champin ? Sur la colline d'Ozein, tu regardes depuis des siècles le village à tes pieds. Tu contemples, face à face, le Mont-Blanc, la Grivola et le Combin. Tu es aussi grand qu' eux, parce que tu es vivant, p arce que tu bourgeonnes chaque printemps et tu roussis chaque au– tomne et pourtant tu demeures. La foudre t'a frappé. Au lieu de sécher, tu as cicatrisé ta blessure, qui est en– core là, tel un témoignage de ta force et de ta constance; et tu as grandi dans le ciel, puiS'sant et solitaire. Grand Noyer d'Ozein, Grand Noyer de la montagne, dis, grand Noyer, réponds-moi, pourquoi le Pays ne te ressem– ble-t-H plus ? AnoLP HE CLos. -48-
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