22 Le Flambeau - 12

à l'Abbé Jean-Baptiste Cerlogne, à René Willien, président des patoisants valdotains I Tu fus un ramoneur toute ta vie, depuis que tu jetais au ciel d'azur ton cri de valdotain le long des murs, tes grands yeux noirs d 'enfant cernés de suie. Revenu du Vieux-Port dans ta patrie, tu suivis ton chemin rude et" obscur, car pour garder le coeur du peuple pur au milieu du mal tu te fis hostie. Et tu raclais. C'était la cheminée des ames qui avait besoin de toi, pour que soit blanc le flot dé la fumée. Auguste tradition de la Vallée, tu élevais l'enseigne de la Foi par l'alpine beauté de ton patois. II Tu y parvins par un sentier désert, d'un pas accoutumé aux altitudes, d'un coeur qui ne craint pas les solitudes, car le sapin, toujours, s'y dresse vert; souvent biotti dans ce silence fier que ne comprennent pas les multitudes: cendre d 'un feu couvant la certitude qu'un clair printemps viendrait chasser l'hiver. Voyant de loin cette saison heureuse, tu lui prétais la langue de ta mère qui sent la mousse où pait le bouquetin, tant qu'à ta noble vieillesse songeuse un vif rayon ouvrit d'en haut la terre, où la beauté c'est la bonté sans fin. III Il est donc naturel que les gens du village soient venus tous ensemble en ce jour printanier, autour de ton tombeau, le coeur heureux, chanter à pleine voix les airs de leurs hauts paturages. - 7<J-

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