22 Le Flambeau - 12
fibres locales, parfois la tannerie du cuir, le « treuil >> pour les raisins des vendanges. . Les carrières de lauzes ou « labie » pour les toitures, de pierres pour les bàtisses, les fours à chaux étaient parsemés dans le pays. Les habitants chaussaient des sabots en bois et les jours de fete des « socale » qui étaient en bois aussi, mais avec l'empeigne en cuir. Quand la neige était haute ou pour franchir les cols, on s'habillait avec du gros drap, on se couvrait les mains de « mitaine » et on enfi– lait des guetres ou «gambal » qui recouvraient les souliers pour empecher aux pieds de geler dans le grand froid de la haute monta– gne. La « mison » ou « meison » du < mikio » ou < metso » campagnard était très rationnelle. Presque toujours eHe avait un petit four fa– milial et un plafond en rondins ou en petites poutres équarries à la cognée qui laissaient sécher les chàtaignes au galetas gràce à la fumée qui pouvait y filtrer de l'àtre rustique et primitif. Les logis les mieux bàtis tenaient le << peillo » près de la cuisine. Ce local était chauffé par un < fornet » en pierre .ollaire et enrichi par une pendule à contrepoids. La vie s'épuisait dans le village meme. Apparemment paisible, monotone et triste, elle était au contraire vivante et pleine de res– sources. Chacun vaquait à sa besogne, mais au printemps et en automne, par esprit d'entraide paysanne, on s'échangeait les joumées de travail pour piocher les champs, pour rentrer le foin, pour battre le blé, pour les vendanges. En effet, on dit encore aujourd'hui < rendre dzornà » surtout dans les << traverse », parce que l'entraide se faisait meme entre des villages rapprochés tout entiers. Les chèvres étaient mises en commun dans le << fioc » et elles étaient conduites par un seul berger. Le droit coutumier régissait les individus et la communauté par des lois logiques et acceptées de tout le monde. Pendant l'hiver, c'était la < veillà », c'est-à-dire la veillée dans les étables, qui ranimait la vie associée du village. Au printemps (<< di forié ») et en été (<< di tsaten »), c'étaient les jodeln ( << le s-entso ») des jeunes montagnards qui s'accouplaient avec la musique des carillons formés par les clochettes des chèvres et les < sonaille » des vaches. La vie de la nature s'épanouissait et se renouvelait parallèlement à celle des hommes de l'alpe. L'argent, qui est aujourd'hui le levain et le poison de notre société ne hantait pas ces esprits naturels, attachés à la terre et à sa bonté. Les témoignages de l'économie fermée d'antant sont toujours évidents pour le voyageur et le touriste qui savent observer attenti- -82-
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