22 Le Flambeau - 12

vernent les réalités au-delà des apparences et des beautés du paysage alpestre. I.;es harneaux, les << mayen >> isolés, les rus et les traces de ruis– seaux, les fours en ruine; les rnurs des « vaquelle » désorrnais stériles, les « piacette ;; pour la cuisson du charbon de bois au début de l'in– dustrie rnétallurgique, les vieux rnoulins et Ies forges abandonnés, le goiìt des derniers portails en pierre sculptée, le rnobilier exquis et solide des vieilles farnilles, térnoignent par une valide et réelle affir– mation du bien-etre et de la sécurité sociale de cette éconornie ferrnée et terrienne. Mais une évolution latente et souterraine guettait cette civilisa– tion, que de nouvelles forces éconorniques, des espaces et des terres lointaines, des philosophies et des pensées différentes devaient dé– truire lenternent. Les institutions particulières du Duché d'Aoste, déjà effritées sous Victor-Arnédée, devaient sornbrer entre 1730 et 1766, sous Charles– Ernrnanuel III. C'était un Pays d'Etat qui disparaissait en deçà des Alpes. La chute des cens et des redevances, c'est-à-dire des pivots de la vie rnoyenageuse, s'ensuivait par conséquence directe. La Royale Délégation dans le Piérnont aboutissait à une véritable révolution «ante litterarn » par ordre et volonté du Roi, tandis qu'en France des forces différentes et plus cornplexes préparaient contre la Monarchie la Révolution de 1789. Les pouvoirs absolus craignaient et hai:ssaient les privilèges, les petites irnrnunités, les anciens usages des régions et les patries, mais était-ce la révolte ? Non ! Ce fut la révolution. La Révolution Française avait donc cassé les droits féodaux . Le Code Napoléon sanctionna ensuite la propriété privée, la li– bre initiative, le pouvoir de vendre et d'acheter et de faire testarnent de ses hoiries. C'est ainsi que naissait la bourgeoisie, et plus tard le capitalisme. L'argent, avant rnétallique et après en papier, devenait la rnesure, la pierre de touche de toute activité hurnaine. L'éconornie ferrnée, dose et enclose dans chaque pays, s'ouvrait au cornrnerce à base d'argent. Mais les nouvelles forrnes de vie et de rapports ne devaient se généraliser que très lenternent, car le petit docurnent de la Cornrnune d'Ayas que nous rapportons par entier ci-après est très significatif et d'une irnportance extraordinaire pour l'histoire et l'évolution écono– rnique de notre Vallée d'Aoste. Le Pays, rnalgré une apparence superficielle de rnisère, était assez riche.. Pour s'en rendre cornpte, il suffit de lire attentivernent un rap– port sur les forets et l'industrie rnétallurgique de l'Intendance du -83-

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