23 Le Flambeau - 09

qui restait pour eux un mot vide 45 • Selon la devise « du connu à l'inconnu », règle d'or pédagogique, on pourrait partir des noms patois pour enseigner aux élèves les noms italiens cor– respondants. A cet égard, je n'oublierai jamais une visite de l'hiver 1975 dans une école moyenne regroupant les élèves de toute une vallée provençale alpine. Bien que l'enseignement en soi n'y différat nullement de ce qui se fait à ce niveau en Italie, les élèves avaient maintenu leurs liens avec leurs villages respec– tifs. Mon enquete les enthousiasma. Les noms de plantes jaillis– saient de leurs poitrines. Dans leurs esprits comprimés par un système scolaire déracinant, j'avais ouvert une vanne par la– quelle le torrent fougueux s'engouffrait. Mieux meme, mon enquete leur permit de comparer entre eux leurs différents patois. Voilà la base sur laquelle pourrait et devrait s'édifier un enseignement respectueux de l'etre humain dans son rap– port avec son milieu nature!. Grace à la grande souplesse des programmes italiens, il suffirait, au Piémont comme en Vallée d'Aoste, d'une seule réforme, mais capitale et de longue haleine: préparer les instituteurs et élèves-maltres à enseigner dans la langue. locale (français, allemand, provençal ou pié– montais), à partir bien siìr du parler naturel, puis, en un second temps, imposer l'emploi instrumental de cette langue pour une partie du programme. Aux écoles moyennes et normales, pour l'ensemble du vocabulaire, le latin foumirait de précieuses occasions de com– par~r la façon dont cette langue-mère a évolué dans les dia– lectes locaux, en italien et en français. Au lieu de cela, les élèves sont initiés au latin d'une façon abstraite qui, le plus souvent, les en dégoiìte de façon durable. Dans ces memes écoles, du reste, les petits Piémontais étudient le français par le détour de l'italien: absurdité pédagogique, puisque leur lan- "Cf. mon compte-rendu de ce congrès dans: « Musicalbrandé 70 »,Turin 1976, p. 26 (en piémontais). 20

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