23 Le Flambeau - 09

rents 3 • Néanmoins, je ne traiterai ici que ce qu'on entend géné– ralement par minorités linguistiques, ,à savoir les communautés humaines autochtones .qui, dans un Etat déterminé, parlent tra– ditionnellement une autre langue que celle de la majorité des citoyens. En général, d'ailleurs, ces minorités constituent une majorité sur leur territoire: ainsi, dans le Canton suisse de Fribourg, l'aire de la minorité allemande correspond au nord et à l'est du Canton. Une communauté linguistique se définit · donc le plus souvent, non seulement par sa langue, mais aussi par son aire, son territoire. Qu'est-ce qu'une langue ? D'après Wilhelm von Humboldt, «non seulement elle sert à la compréhension mutuelle, mais elle constitue un véritable monde que l'esprit, par sa propre dynamique interne, interpose entre soi et les objets (...). La langue transforme le monde en pensées » 4 • Chaque langue exprime à sa façon pensées et sentiments, chaque langue est un univers menta[. On peut, certes, contraindre une commu– nauté humaine à changer de langue; maìs il en résulte au moins une génération sacrifiée, dont la vie intellectuelle et affective se trouve appauvrie 5 • C~ fait semble aujourd'hui admis, et, dans tous les travaux spéchtlisés postérieurs à la seconde guerre mondiale, je n'ai jamais trouvé nulle part qu'on recommandat d'extirper par l'école la langue d'un groupe ethnique européen. Mais la pluralité des langues pose un autre problème de définition. Nos amis québecois savent bien que le français et l'anglais sont deux langues différentes, et que les Eskimos du Cànada parlent eux aussi leur propre langue. D'autre part, une langue comme l'allemand compte plusieurs dialectes, chacun dans son aire propre: ainsi, le dialecte alémannique, dans ses 3 Einschulungsprobleme fremdsprachiger Kinder, dans «Neue Ziircher Zeitung», n• 333, Zurich 1974. 4 Cité par LEo WEISGERBER, Zweimal Sprache, Diisseldorf 1973, p. 112. Cf. Kloss 290. 'PIEDER CAVIGELLI, Die Germanisierung von Bonaduz in geschichtlicher und sprachlicher Schau, Frauenfeld (Suisse) 1969, pp. 162.163. 7

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