21 Le Flambeau - 03

ayant pour but la connaissance de l'homme puisse ètre lu par les jeunes (« ceux qui n'ont pas encore l'expé– rience de la vie ») et par les hommes d'Etat. Ces derniers y auraient trouvé les moyens d'écarter des char– ges « les intrigants, les ego1stes, les ambitieux ». Je crains fort qu'on ne doive aujourd'hui renverser cette position et utiliser les conseils de Gal comme moyen pour connaitre, faute d'hommes d'Etat, les simples politi– ciens. Ce serait là une autre façon d'en actualiser la lecture. Mais le livre de Gal reste bel et bien actuel par ses seuls mérites. Evidemment il faut tenir compte de la situation poli– tique et culturelle du temps où il a été écrit et, par conséquent, ne pas y chercher ce que l'on ne peut y trou– ver. L 'Homme individuel et social pourra alors ètre lu aussi comme témoin privilégié d'un moment de la culture vald6taine. Par ses idées phi– losophiques Gal s'inscrit dans le cou– rant du spiritualisme français de Vie– tar Co.usin et de Maine de Biran, auteur, ce dernier, qu'il cite souvent. Comme les spiritualistes il con– sidère que les fondamentales vérités religieuses et morales forment la base de la vie privée et sociale. La matière de son livre est divisée en 22 chapi– tres dont les premiers treize traitent des facultés, des sentiments et des aspirations de l'individu, tandis que les suivants s'occupent de la structure de la société et le dernier est une réflexion sur la vie et la mort, ·mar– quée au coin d'un réalisme pessi– miste. Les titres indiquent immédia– tement le contenu des différents cha– pitres, tous intéressants, mais cer– tains particulièrement saisissants de perspicacité et de modernité. Il suf- 160 fit de lire - comme Colliard con– seille - les pages consacrées à la liberté, à la guerre, à l'esclavage, au fanatisme. La « modération clair– voyante » de notre philosophe et son traditionalisme ouvert au véritable progrès y ressortent de façon natu– relle. Sur le tout se dresse la figure morale de l'auteur, lequel, ayant pris la vie comme un devoir et non comme un plaisir, a su d'abord réa– liser en soi le modèle d'homme qu'il propose à ses lecteurs. PIERRE-GEORGES THIÉBAT • CHATTERIES par Maria Costa lmprimerie Vald6taine Aoste- septembre 1988. Enfin un autre livre originai dans le panorama des oeuvres vald6- taines en langue française! Par sa présentation raffinée, par ses illustra– tions et, surtout, par son texte. Cette ronde de croquis de la gent féline capte l'attention du lecteur, mème s'il n'apprécie que modérément ces « amis de la science et de la volupté » immortalisés par Baudelaire. Maria Costa y révèle un aspect inattendu de son activité, consacrée plut6t à des études sur la culture et la vie des siècles passées. Elle a eu cent fois raison de nous convier à une pro– menade poétique avec Mistral, Tango, Kiwi, Figaro, etc., tous des compagnons indépendants et fiers, des « aristocrates maitres de leur temps »... Dommage qu'elle soit trop brève... Car on se laisse facilement charmer p·ar cette suite presque musi– cale, au style concis sans redondance ni rnièvrerie. On attend, on espère, on compte sur un second recueil... ESER

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