21 Le Flambeau - 03
rieuses et centralisantes du Saint-Siège et de la Cour turinoise étroitement liées ensemble. Les coqs à leur poste sur les clochers du Val d' Aoste sont les symboles de la vigilance et de la ténacité du rituel gallican. Après avoir perdu son autonomie politique, le Duché d' Aoste perdit également son particularisme liturgique. « Les usages gallicans étaient pratiqués auss_i par un certain nombre de paroisses des Diocèses de Pignerol, Suse et Saluce qui ont été comme notre Diocèse incorporés autrefois à des métropoles françaises. Le port du rabas au lieu du collet, par les pretres valdotains, est un des usages gallicans » (Abbé Henry) . Pour mieux connaitre ce particularisme liturgique et les résolutions du clergé et du Conseil des Commis pour le défendre contre les forces centrali– santes, voir l'ouvrage de Lin Colliard, La déclaration gallicane du Clergé vald6tain de 1661, lmprimerie Valdòtaine, Aoste 1973. Voir également Louis Christillin in Le rit particulier et l'autonomie de l'Eglise vald6taine, Impri– merie Valdotaine, Aoste 1973. Ces deux ouvrages expliquent dans le plus grand détail la question gallicane. La province d'Aoste Au commencement du xxe siècle, afin de noyer plus facilement la minorité francophone valdòtaine, le gouvernement centrai a élevé par décret du 6 décembre 1926la cité d'Aoste capitale d'une province embrassant aussi la région canavesane. L'élite valdotaine était ainsi mise en minorité dans son propre territoire (73 communes valdòtaines et 113 communes canavesanes). Et toutes ces dia– bleries ont été qualifiées «come atti squisitamente politici ». A ce propos, voici ce que l'écrivain Jules Brocherel dans son livre Le patois et la langue jrançaise en Vallée d'Aoste, page 179, fait connaitre: « Nous connfimes bien vite le prix que cofiterait cet honneur. La capi– tale de la province se trouva envahie par une foule de fonctionnaires et d'employés, destinés aux bureaux qui se multipliaient comme des champi– gnons. A peine débarqués, ces méridionaux écarquillaient les yeux de stu– peur, se croyant échoués en pays étranger. Pensez donc! journaux, noms des rues, enseignes des magasins, tout était rédigé en francais, et les indigè– nes parlaient un idiome incompréhensible! Ils se pensaient les victimes d'un hallucinant mirage. Pour couronner l'ensemble, les mots gravés au fronton du palais municipal - Hotel de Ville - ces cervelles de souris les tradui– saient par - Auberge de Ville! «Le régiment de bureaucrates improvisés n'eut rien de plus pressé que de déployer son zèle à la démolition de cette aberrante et exotique façade. « La xénophobie galliciste ne connut plus de bome. Des ordres pérémp– toires furent intimés aux communes d'italianiser sur le champ tout ce qui sonnait français. Les feuilles hebdomadaires, forcées de l'exécuter, durent 35
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