21 Le Flambeau - 03

changer leurs titres et leurs machettes et s'évertuer à ne plus employer un seui mot de français. «Un jour que le terme "barbare" d'élite s'était glissé dans un artide, la censure somma aussit6t le directeur de supprimer ce mot, s'il désirait dis– tribuer son journal aux abonnés. « Point n'est besoin d'évoquer les étapes de la guerre acharnée qui fut menée pour effacer la moindre trace de français en Vallée d'Aoste. «Une telle cuisante mortification ne risque pas d'etre jamais oubliée. « Sous ce régime néfaste, les Vald6tains subirent le plus atroce des cal– vaires ayant à chaque instant à leurs trousses la meute des limiers de l'O.V.R.A. qui épiaient jusque dans leur vie privée, le plus minime geste d'insubordination ». Sur directives gouvernementales et préfectorales les podestats débapti– sèrent les communes; un décret du 22 juillet 1939 italianisa les derniers noms français de 32 localités. On préparait parallèlement l'italianisation de quelque 18.000 familles. Les trois vagues-·d'immigration Après l'érection du Royaume d'ltalie (1861) et la réalisation du che– min de fer (1866) l'élément piémontais (Turinois, Biellais et canavesans) com– mence à s'établir en Vallée d'Aoste dans le commerce de détail, dans la cons– truction et dans l'administration. L'influence de ces émigrés est, cependant, de portée limitée. Cette première vague d'immigration piémontaise est numériquement faible. Entre les deux guerres mondiales une deuxième vague déferle en Vallée d' Aoste. Les Vénitiens affluent après le désastre de Caporetto (1917) et le complexe sidérurgique de l'Ansaldo accueille et fixe dans la ville d'Aoste le plus grand nombre de ces émigrés. La troisième vague (1950-1960) est calabraise et la Vallée d'Aoste devient, alors, un abris et un refuge pour les émigrés déracinés du Midi. Les Vénitiens pour longtemps les plus puissants, cède le pas aux Cala– brais. Pour rassembler une documentation plus exhaustive sur cet argument, voir: Bernard Janin in Le Val d'Aoste- Tradition et Renouveau, Musu– meci Editeur, Aoste 1976, seconde édition, 685 pp. illustrées. Dernière et émouvante requete au roi Victor-Emmanuel III Le 19 octobre 1926 le Comité de la Ligue Vald6taine adressa une der– nière et émouvante requete au roi Victor-Emmanuel III pour la sauvegarde de son patrimoine linguistique. « Sire, les soussignés ... osent venir dans leur langue maternelle, dont l'usage n'est pas encore prescrit, invoquer avec une extreme douleur l'inter- 36

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