21 Le Flambeau - 03

est éloquente. D'une part, le gouvernement bernois se voit administrer une gifle magistrale à travers la reculade précipitée du Département fédéral de justice et police. D'autre part, le Conseil fédéral de la Confédération suisse, par la voix de Mme la ministre Elisabeth Kopp, entreprend un des plus beaux mouvements de repli de sa carrière. Il constate ouvertement son incapacité à contrecarrer nos projets et admet de facto, sous notre pression, que le décret visant à interdire à nos amis de l'extérieur de s'exprimer en Suisse est désuet et inapplicable. Quelle victoire politique! Nous, nous avons tenu nos engagements. A l'occasion de la Fete de l'Unité jurassienne, à Moutier, nous avions dit que José Happart prendrait publiquement la parole où nous le voudrions et quand nous le voudrions. Nous avons tenu cette promesse de façon éclatante il y a une semaine en donnant à votre bourgmestre, le loisir de parler au grand jour sur un territoire encore bernois et de surcrolt germanophone, dans la ville meme di.I président du parlement bernois. Personne n'a pu s'opposer à notre déter– mination. Cela m'amène à dire, chers amis fouronnais, que lorsque la foi et le courage conduisent les hommes, la puissance des pouvoirs ne réussit pas à les réduire au silence. Aussi bien en Suisse que chez vous, les gouverne– ments sont promis à l'échec si notre résistance est ferme. Demeurer dans un état d'irrésolution revient par contre à se faire museler. Je sais, chers amis, quelle est votre conviction. Je sais aussi qu'une bataille perdue ne sonne jamais le glas de l'espérance qui repose sur la justice et qui procède de la légitimité démocratique. Que les peuples francophones soient donc unis! Qu'ils ne perdent à aucun moment de vue que céder à des intérets partisans conduit tout droit à la faillite. Qu'ils se méfient de ces hommes politiques qui pensent plus à leurs cotes dans les sondages qu'à l'intéret général. Ce qui compte chez vous, c'est de faire respecter vos droits face aux velléités hégémoniques des Flamands. Les combinaisons politiques, camme chez nous, ne sont que per– siflage et misérables scories déclamatoires à coté des vraies aspirations du peuple. Si les Wallons et les Bruxellois se contentaient, une fois par an au mois de septembre, d'adresser un message de solidarité aux Fouronnais, ils ne rempliraient sans doute pas leur devoir. Les joutes oratoires ne suffisent guère à bousculer les mastodontes institutionnels. Seule une concrétisation dans les actes est à meme d'infléchir des positions qu'on croit à priori figées, seule une action politique offensive et constante peut faire reconna!tre le droit d'autodétermination qui est le votre camme le notre. Si nous voulons préserver notre identité culturelle, si nous voulons pouvoir cultiver le carac– tère propre du peuple auquel nous appartenons, nous devons unir nos for– ces, conduire les militants de façon cohérente, enfin les enthousiasmer à la tache pour condamner nos adversaires ou nos ennemis à la défaite. Le jour où les revendications fouronnaises ne seraient plus considérés camme essentielles, la Wallonie serait en danger. Une part de la conscience publique des francophones serait sacrifiée; 74

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