21 Le Flambeau - 03

n'est pas rare en franco-provençal. Les mots de la deuxième colonne sont au contraire des substantifs, mais représentent aussi des impératifs: certains, comme mindza, raconta n'ont que cette dernière fonction grammaticale. Ces mots changent donc le plus souvent de catégorie grammaticale selon la place occupée par l'accent d'intensité. Quand ce changement ne se vérifie pas, il y a cependant un changement de mode, c'est-à-dire de manière dont le verbe exprime l'état ou l'action. Il est donc tout à fait nature! d'indiquer ces déplacements par un signe conventionnel. Cerlogne fut le premiere à se rendre compte de cette parti– cularité de notre dialecte: il piace un accent grave sur le /a/ final des adjectifs– participes, ainsi que nous avons fait pour les mots de la première colonne de nos exemples . La désambiguisation est ainsi assurée d'une façon correcte et efficace. Certains patoisants, qui veulent passer pour les premiers de la classe, ont abandonné maintenant cette convention orthographique: ils ont éliminé l'accent grave des participes-adjectifs. Ainsi, dans un syntagme comme conta perire, il faut recourir à ce qui l'environne dans les phrases où il apparait, pour savoir s'il s'agit d'une histoire pour rire (d'un syntagme nominai), ou d'une histoire racontée pour rire, où contà fait partie d'un temps verbal. Pour les participes-adjectifs des verbes des autres conjugaisons, ce signe de différenciation doit etre ornis: rendo (rendu), prèi (pris), aperçu (aperçu), feni (fini), etc., n'ont pas d'équivalents paroxytons, l'ambiguité n'est donc jamais possible. Les patoisants auxquels nous adressons ces lignes devraient étudier la structuration de notre dialecte. Ils peuvent le faire plus aisément que nous, puisqu'ils sont assistés par des linguistes de renom. La façon d'écrire les mots s'insérerait ainsi dans un contexte logique, et non pas dans un con– texte désordonné où beaucoup de mots sont dépossédés des fonctions gr~m­ maticales qui leur sont propres. A. CHENAL 86