21 Le Flambeau - 03

coin de nature» ou «un havre de paix ». Car c'est la paix que vient y cher– cher son propriétaire, avant la satisfaction de contempler les cimes, de res– pirer l'air frisquet ou de s'adonner aux joies du bricolage. La paix! le mot vole de bouche en bouche. «Ah! cette paix... » murmure l'un du fond de sa chaise longue. A quoi l'autre fait écho dans un soupir d'aise: «Quelle paix ». En général on en reste là, mais tout est dit. A croire que dans sa vie ordinaire, le Suisse passe de l'agitation de Londres aux soubresauts du Liban. Cette paix est d'autant plus bienvenue qu'elle n'est, au fond, pas assu– rée. On serait étonné d'apprendre que la montagne est le terrain de chasse de gredins de toutes catégories. C'est pourquoi, paradoxalement, le chalet du Suisse est un endroit à haut risque. On a le méme frisson, en s'y ren– dant, que si l'on partait pour un ranch du Far West. On s'attend chaque fois à trouver les volets forcés, les armoires fracturées, les réserves dévali– sées... On se raconte entre arnis des histoires épouvantables de voleurs et de vandales, en tremblant qu'un jour « ça nous arrive à nous ». ·Aussi ne quitte-t-on jamais le chalet sans avoir mis les barres aux contrevents, cade– nassé la porte et rentré le chaudron de pétunias . Le propriétaire de chalet se sent le dernier représentant de la Suisse héro1que. JACQUES BRON Un chalet valdotain 88

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