21 Le Flambeau - 03
n' est sans doute pas interrompu à l'heure qu'il est. L'école, relayée au– jourd'hui par le collège, n'a pas failli à sa tache d ' enseignement de l'orthogra– phe"oN'empecheo . o Mais faut-il réformer l'orthographe ou bien plut6t I'en– seignement de l'orthographe? Bernard Pivot, initiateur des championnats d'or– thographe, a sur ce sujet une position séduisante: "Ma conviction est que, si l'an veut aider les nouvelles générations et les étrangers à mieux ma:ìtriser l'écriture des mots français, sans pour autant tomber dans une simplification phonétique et betasse, il faut établir une relation logique entre le contenu du mot et son orthographeo A mot usuel, au sens simple, orthographe simple; à mot rare, au sens compliqué, orthographe compliquée". Une réforme de l'orthographe se heurterait à une vive oppositiono Car Ies Français, tout en pestant contre sa complexité, restent très attachés à l'or– thographe de leur langue qui appara:ìt camme une institution, voire un héri– tageo Une attitude que le lexicologue Alain Rey résume ainsi: "Une réforme de l'orthographe est à la fois socialement impensable et techniquement né– cessaire"o Mais défendre la Iangue, c'est avant tout permettre à chacun d'y avoir accès et donc lutter contre l'illettrismeoIl ne faut pas confondre illettrisme et analphabétisme. Ce dernier terme désigne une incapacité totale à lire et à écrire alors que l'illettrisme n'en désigne qu'une incapacité partielleo Si le nombre d'analphabètes est en France très marginai, l'illettrisme, lui, touche– rait un adulte sur cinq, à des degrés diverso On estime que 2 millions d'adul– tes éprouvent de très sérieuses difficultés à la fois à lire et à écrire, que 3,5 millions ma:ìtrisent mal la Iecture uniquement et sons incapables de com– prendre un texte simple meme lu à haute vois et qu'enfin, 6 millions d'adul– tes n'éprouvant de difficultés que face à I'écriture, parviennent à peine à for– mer des lettres ou accumulent Ies fautes au point de rendre la phrase incom– préhensibleoSi l' illettrisme concerne majoritairement les plus de 65 ans, on assiste actuellement à une augmentation de l'illettrisme de l'écriture chez Ies jeunes, et notamment Ies 18-24 ans30 Comment, dans ces conditions, trouver un emploi, communiquer et comment s'y retrouver dans la vie de tous Ies jours? Pourtant, la découverte de ce phénomène par les pouvoirs publics ne date que d'une dizaine d'années et les mesures prises périodiquement ne peuvent prétendre résoudre un problème aussi vaste et complexeo Alors, de nombreux particuliers se sont lancés dans la lutte contre l' illettrismeo Parmi eux, Auguste et Juliette Gourdon, deux professeurs à la retraite qui ont re– joint l'association Lec (pour Lire, Ecrire, Compter) créée pour aider les jeu– nes adultes illettrés à s' intégrer dans la société: "notre objectif, c ' est d' ap– prendre, ou réapprendre à lire, à de jeunes adultes traumatisés par la vie et conscients de leurs échecs et de Ieurs Iacunes et qui, de ce fait, éprouvent des difficultés considérables à s'intégrer dans le monde du travail. Il est es– sentiel de leur redonner confiance en eux, de Ies sortir de Ieur coquille"o Pour Ieur action courageuse et efficace, Auguste et Juliette Gourdon avaient reçu le prix de la Fondation Notre Temps en 19860 Mais combien faudrait-il 3 Sources: Gpli (Groupe permanent de lutte contre l'illettrisme), 8 avenue de Ségur, 75007 Pariso 13
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