21 Le Flambeau - 03
d' actions de ce -type pour tenter de réduire ce fléau de l' illettrisme, sujet ta– bou dans une société développée où l'enseignement est obligatoire depuis Jules Ferry? * * * "C'est une langue belle à l'autre bout du monde Une bulle de France au nord d'un continent Sertie dans un étau mais pourtant si féconde Enfermée dans les glaces au sommet d'un volcan". En décembre dernier, à l' occasion des événements de Roumanie, les Français découvraient avec surprise que de très nombreux Roumains par– laient un français impeccable. Fruit des caprices de l'histoire, cette réalité est d'autant plus surprenante qu'elle a plutot tendance à se faire rare! Car depuis cent cinquante ans, le français a laissé à l' anglais le rO!e de langue universelle. L'universalité d'une langue est la conséquence et la marque du rayon– nement économique, politique et culture! du pays dont elle est issue; au– jourd'hui, ce n'est plus la France quijoue ce role-phare, ce sont les Etats-U– nis. Demain, ce sera peut-etre le Japon. A travers le monde, l'anglais est per– çu comme une langue utilitaire alors que le français est considéré comme une langue à vocation culturelle. Ce qui explique son recul car Diderot ne pèse aujourd'hui pas bien lourd face à Ibm dans les échanges internatio– naux ... Mais le français, s'il a perdu une bataille, n'en a pas pour autant perdu la guerre et son influence reste considérable à travers le monde. La franco– phonie n'est pas une notion abstraite, loin s'en faut. Carla zone d'influence du français demeure très vaste: la récente conférence des chefs d'Etat de pays francophones a réuni 44 Etats (de A comme Algérie, Antilles ou Aoste à Z comme Za"ire, en passant par la Belgique, le Bénin, Haiti, le Liban, le Mali, le Québec, la Suisse, le Togo, le Vietnam... ) qui rassemblent 8% de la population mondiale, soit 350 millions d'habitants, dont 200 sont des fran– cophones réels. Mais !es Français ne semblent guère préoccupés par la promotion de la francophonie, c'est-à-dire la défense de leur propre langue. Peut-etre avons– nous la conviction orgueilleuse que le français est une langue éternelle, indé– boulonnable? L'histoire prouve qu'il n'en est rien et que la santé d'une lan– gue est fragile. "Exportée" hors de son territoire nata!, la langue française s'y enrichit de nombreuses tournures et expressions locales qui, si elles nous font sou– rire, n'en témoignent pas moins de sa vivacité. Savez-vous qu'en créole, tomber faiblesse signifie s' évanouir? Qu' en dago, langue de la Cote– d'Ivoire, etre cinq signifie se sentir bien et etre mouck signifie etre amou– reux? Le québécois a inventé des expressions où la logique le dispute à la poésie: etre en famille y signifie etre enceinte, un lécheux y est un flatteur, un dépareillé, un originai, un nuage un cache-nez et une béquerie, une boulangerie ... 14
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