21 Le Flambeau - 03

La francophonie a un ministère, un ministre prestigieux et beaucoup d ' ambitions. Mais son budget, qui n' excède pas celui de TFl , lui donne-t-il les moyens de ses ambitions? Sans doute est-ce à chacun de nous de prendre alors le relais carla défense de la francophonie peut prendre bien d'autres voies que celles de l'Etat, et chaque Français a son mot à dire dans cette am– bition. Son "mot": c'est le cas de dire et de le dire. . . en français. * * * "Dans cette langue belle aux couleurs de Provence Où la saveur des choses est déjà dans les mots C'est d ' abord en parlant que la fete commence et l'on boit sa musique aussi bien que de l' eau". Alors, mal en point le français? ... Oui et non. Oui, car sa piace dans le monde recule et nous en semblons guère nous en préoccuper. Non, car la langue de chez nous est tellement riche et son passé tellement vivant qu'elle a !es reins solides. "Elle est notre point de repère, notre code commun, le ci– ment de notre histoire, l'instrument et l'expression de notre mémoire. Il en faudrait plus que cela pour l' abattre. Mais il conviendrait sans doute que !es Français se réconcilient avec le français. Car, comment préserver et .faire respecter.une langue si on ne commence pas parla respecter soi-meme? Les grands-parents, et !es retraités en général, ont dans ce domaine un rO!e es– sentiel à jouer. Dans l'interview qu'il nous a accordée, Alain Decaux souli– gne le r6le prépondérant qu'ils tiennent- ou devraient tenir- dans le combat pour la défense et la diffusion du français. Un r6le complémentaire de celui de-l'école, mais sans doute tout aussi important. .La francophonie, comme instrument de diffusion de la langue et de la culture françaises dans le monde, est une aventure récente. Laissons-lui le temps de se développer et de trouver la piace qui lui revient. Tout en sachant que c ' est une aventure collective pour laquelle la participation de chaque Français et celle de chaque francophone est requise. Mais peut-on désespérer de cette langue, 6 combien retorse et complexe certes, mais tellement attachante et, parfois, ·inattendue. 'Peut-on désespérer ·d'une langue qui, par un clin d'ceil subtil, fait de niche l ' anagramme de chien, et d'ivrogne, celle de vigneron? .. . Victor Hugo écrivit en connaissan– ce de cause que "!es mots sont des etres vivants". Ils vivaient pour lui, ils vi– vaient pour nous, ils vivront pour nos petits-enfants. A condition de vouloir !es garder en vie, comme un patrimoine, une mémoire, un trésor. . . 0LIVIER CALON (NotJ·e temps- Paris - aout 1990). 15

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