21 Le Flambeau - 03

A.D. La langue française n'est pas menacée au sens propre du mot. Cha– que année, il y a plus de francophones que l'année précédente: la démogra– phie maghrébine à elle seule nous en apporte la preuve. Les pays francopho– nes montrent un tel enthousiasme pour la langue que nous avons en commun qu ' il serait inconvenant de se montrer pessimiste devant eux. Certes, depuis la Seconde Guerre mondiale, l' anglais- ou plut6t l'anglo-américain- s'est révélé une langue de communication mondiale. Faut-il s' en alarmer outre mesure? Ce qu'il faut obtenir, c'est que l'on cultive précisément l'usage des autres langues dont naturellement le français qui, dans ce cadre, aura toutes ses chances. Lors de mes voyages à travers le monde, je constate dans tous les pays un tel amour -le mot n'est pas trop fort- pour notre langue que je reviens tou– jours réconforté dans mon propre pays, lequel malheureusement ne me paralt pas ressentir la meme foi que d' autres francophones, comme les Québécois, par exemple. N. T. Les retraités ont-ils un role particulier à jouer dans la défense et la promotion de la langue française et de la francophonie? A. D. Je crois que les retraités peuvent jouer un r6le de premier pian. J'ai déjà eu des offres d'instituteurs et de professeurs retraités. Nous manquons d'enseignants de français à l'étranger, surtout en Europe de l'Est. Il y a là une voie que j'ai décidé d ' explorer. Je souhaiterais également que des familles s'ouvrent à des jeunes étrangers qui pourraient venir perfectionner leur con– naissance de la langue française . Les retraités, plus disponibles que les autres, pourraient dans cette perspective jouer un r6le tout à fait bénéfique et j' avoue que j ' aimerais, pour d ' autres actions, dans d' autres domaines, recevoir leurs suggestions. · N.T. Quelle langue parleront nos enfants? A.D. Nos enfants devront naturellement parler français, mais je pense que, comme tous les jeunes Européens, ils devront apprendre deux langues de l'Europe. Il y a là un échange qui évitera I'hégémonie dont je parlais et qui permettra à nos langues de continuer à se bien porter. Y compris pour le fran– çais bien siìr! (Notre temps- Paris- Aottt 1990). 17

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=