21 Le Flambeau - 03

, . DES ECOLOGISTE$ DE ' LA PREM·IERE HEURE Dans le patois d'Oyace, mais dans beaucoup d'autres faciès francoproven– caux, le verbe transitif débloté est pour ébrancher, couper les branches d' un arbre: Débloté euna pianta, un w·bro, ébrancher une piante, un arbre; plus proprement couper un certain nombre de branches de cet arbre pour faire du bois de chauffa– ge, ou pour que l'arbre, débarrassé de son superflu végétal, prospère davantage. On ébranche surtout les arbres de haute futaie, mais aussi les arbres à fruits. Dans nos patois, nous trouvons aussi le verbe débrantsé avec le meme sens. · Le verbe déblaté, soit dit en passant, a un~ extension au figuré: Se fére déblaté (Oyace) est une très belle expression populaire pour se faire couper !es cheveux. Nous avons aussi le verbe faillé, pour effeuiller. Pour ce dernier, on dit aussi fére le faille, la faille. Cette opération ne ·consiste pas à oter les feuilles d'un arbre ou d ' un arbuste, une à une, mais à couper les petites branches de cet arbre ou de cet arbuste encore munies de leurs feuilles qui commencent à dépérir, et les réunir en javelles. Ce travail se pratique en automne, lorsque les vaches sont descendues des alpages et qu'il faut les mener paltre dans la pro– priété personnelle. Le berger a alors le temps de vaquer aussi à ce petit travail. Mais pourquoi confectionnait-on ces javelles, car cette pratique est désor– mais désuète? Dans !es anciens temps les Valdotains, éleveurs d' animaux domestiques par nécessité et par excellence, et dont ils tiraient en bonne partie leur subsistance, possédaient aussi, sur l' ensemble de leur territoire, des dizaines de milliers de brebis et de.chèvres. Cet élevage a dirninué lentement, au cours du temps, jusqu' à devenir-d~r nos jours une activité négligeable. Que faisaient dans l'ancien temps nos prédeeesseurs de ces brebis et de ces chèvres? Les brebis leur offraient de la laine, un-peu de·lait parfois, un lait qu' on dit qu' il est le plus semblable à celui de la femme, et donc très nourrissant. Les chèvres fournissaient elles aussi de la viande, du lait que l'on mélangeait à celui des vaches, ce qui donnait à la fantine ou au fromage un piquant savoureux, leur peau qu' il était possible de tanner pour faire du cuir de qualité et que l' on vendait aux tanneries, des chevreaux, un petit revenu sur la vente de certains exemplaires. Avec la peau des brebis on confec– tionnait au contraire des cavertaau, couvertures munies de la laine qui étaient les rnieux indiquées pour faire face aux rigueurs des hautes altitudes. .. En été, à Oyace, les brebis (jèye) étaièrit envoyées sur les flancs des somrni– tés, au-dessus de la limite des forets, pour paturer l'herbage des hauteurs, inacces– sibles aux vaches. On appelait cela canvié le betse (pour la signification du mot betse, à ne pas confondre avec le mot bi!tse, bete, voir Nauveau Dictiannaire de 36

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