21 Le Flambeau - 03

Le village de Laquelod nous pose cependant un autre problème, d'ordre cette fois non étymologique. L' acte de reconnaissance que nous avons cité a été rédigé et signé dans le fenil d'un non moins précisé hameau de Haute– Cullaz. Or, il n'existe aucune ruine, dans l'environnement du village actuel, qui nous permette de localiser ce hameau. Rien non plus dans la mémoire des hommes; rien, à notre connaissance, dans les cadastres postérieurs à l'acte. Et pourtant, l'acte ne peut laisser aucun doute à propos de J'existence ancienne de ce hameau. Comment est-il possible de résoudre ce petit problè– me? Par des observations topographiques. L'actuel hameau de Laquelod comporte des habitations situées en amont, séparées presque insensiblement par d'autres habitations situées un peu en aval. Au XVIIIe siècle, il est possi– ble que l'on appellait bassacullaz les habitations de dessous et haute-Cullaz les habitations de dessus. Ces distinctions toponymiques disparurent par la suite et Laquelod est resté l'appellatif commun de ces deux primitives agglo– mérations humaines. Voilà J'unique explication qu ' il nous a été possible de déceler, et, faute de mieux et intuitivement parlant, elle nous para!t la bonne. Nous rappelons, pour terminer, que l'Aquelou, à Bionaz est aussi le nom d'une section de J'alpage Montagnayaz l. A. CHENAL l L'Aque/od ou Laque/od est une francisation maladroite, incorrecte. L'ancienne Cui/az est un mot féminin et un paroxiton. Le /al fina! s'est transformé en loù/ dans le francoprovençal local, par analogie avec tous !es autres mots de cette série (cf. La pensou, la pensée, l 'idou, l' idée, la prévotou, la prévoté... ainsi que tous !es participes/adjectifs correspondant à des verbes de la pre– mière conjugaison, qui sont en là/ à Aoste p. ex., mais en /où/ dans toute la Valpelline). Mais comme tous ces autres mots sont des oxitons, l'accent tonique s'est déplacé sur la dernière sylla– be, une autre fois encore par analogie, pour éviter de laisser percer dans la /angue locale des ex– ceptions d' ordre phonologique. Le suffixe [od] de l'actuelle francisation ne correspond pas à un /al final, atone, du latin et de son évolution. [od] est donc ici un non sens, orthographiquement, linguistiquement et logiquement parlant. Il faudrait écrire La Quelou au pire L'Aque/ou ou La– que/ou. De cette façon tout francophone lit correctement, avec la meme, exacte prononciation qu' un Bionein. 70

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