21 Le Flambeau - 06

peau d'une vieille chèvre, rien qu'à y penser, il en avait froid dans le dos. Ses amis s'amusaient comme des fous à l'écouter et Sermo n'en finissait plus de raconter. L'un d'entre eux lui fit noter: "Ton neveu Neste a plus de chance que toi, lui ! As-tu vu quelle belle poularde dodue il s'est choisie, ce gars ? Qu' attends-tu pour changer toi aussi de train de vie ? ". Senno, qui depuis quelque temps, couvait sans en avoir l' air des pro– jets malsains, prit sa décision et déclara à son neveu : "J' ai entendu dire, Neste, que tu vas te marier avec Tique mais que tu es sans logis. Si tu veux, en échange d'un peu d' affection, d' assistance en cas de besoin et de menus services, je te dannerai ma maison car, à part toi, je n'ai pas de proches parents ". Neste, qui n'en attendait pas davantage, se dit aussitòt d'accord et le pacte fut conclu sans l'avis de la future épouse car les bonnes occasions étant rares, il faut savoir les cueillir sur le moment. Mais, dès le début, l 'union fu t construite sur un malentendu. Lejourdes noces approchant, l'onde Senno etNeste passèrent chez le notaire pour rédiger l'acte de donation. Puis, les événements se préci– pitèrent. Tout le village était présent pour les fiançailles : un banquet mémo– rable fut organisé, aussi somptueux qu 'un repas de noces. Senno était passé chez son tailleur se faire confectionner un complet gris clair de cir– constance; il avait aussi commandé un habit gris foncé pour le jour des noces, avec un nreud papillon et des souliers vemis. Après un grand net– toyage, les meubles des futurs mariés ainsi que le trousseau de l'épouse furent transportés dans la maison qui, désormais, appartenait à Neste. La tache la plus difficile incomba à Senno qui dut faire déménager la pauvre Fine, qui n'en revenait pas, et lui faire comprendre qu'on avait rien à lui reprocher mais qu 'il fallait savoir se retirer devant la jeunesse qui a ses droits. Plus rien ne pouvait désormais entraver le cours des événements pour Lavon Senno qui, afin de ne rien laisser au hasard à ce toumant de sa propre vie et pour e tre au mieux de sa forme, décida de rendre visite au plus vite à Blanc. Chez Blanc, le roi des apothicaires Blanc régnait en ma'ìtre dans la pharmacie à la croisée de deux rues de la vieille ville bien qu'il ne s'y trouvait qu'en qualité de sous-traitant. Cependant, on disait "ilfaut aller chez Blanc": il était connu de tous et on avait confiance en lui et dans les potions qu'il préparait dans sonar- 107

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