21 Le Flambeau - 06

ENTREARNAD ..... ET VERRES, SUR LES TRACES D'UN ANCIEN RU... Le passant qui parcourt la route nationale peut remarquer, aux alen– tours du cimetière de Verrès, à la hauteur d 'une dizaine de mètres, une sé– rie de piliers en pierre sèche accrochés à la montagne, se camouflant avec le rocher, les uns recouverts de lierre, les autres nus et exposés au soleil. Pour les distraits, ce ne sont que de vieux murs; pour les passionnés d'histoire et d'architecture, au contraire, ils constituent un indice précis: les débris d'un ancien ru. Camme il était naturelles paysans ont essayé de justifier la présence de ces ruines, et encore de nos jours plus d'une légende, remontant aux siècles les plus reculés, raconte la naissance de ce canal. Selon quelqu'un, par exemple, l'origine de l'reuvre ne doit etre attri– buée qu'à un défi entre la population locale et !es Sarrasins. Ces terribles envahisseurs auraient parié qu 'ils étaient capables de bàtir, dans une seu– le nuit et avant le chant du coq, un ru pour amener l'eau du torrent Evançonjusqu'à Arnad l. Les pa1ens ne s'étaient pas vantés à tort : la nuit du défi, après quelques heures, les travaux étaient très avancés et tout laissait prévoir qu 'ils seraient terminés avant l 'aube. À ce point-là les indigènes, anéantis par l'idée de voir se réaliser l'inimaginable et de perdre un pari qui sem– blait gagné dès le début, ne trouvèrent rien de mieux que d'entrer dans un poulailler et réveiller un coq. Le cocorico retentit, inattendu, à travers toute la vallée. Les Sarrasins, face au sale coup, criant à la tromperie età la mauvai– se fai, s' abandonnèrent à toutes sortes d' excès et détruisirent le ru, désor– mais presque achevé. l En Vallée d'Aoste l'imagination populaire a attribué aux Sarrasins de nombreux vestiges d'ori– gine incertaine. Cf. A. ZANOTTO, Histoire de la Val/ée d'Aoste, Aoste 1968, p. 38. 27