21 Le Flambeau - 06
Légendes à part, quelques documents d'archives nous permettent d' éclaircir ce qui s ' est vraiment passé, de connaìtre ceux qui ont envisagé la réalisation du canal et les raisons pour lesquelles ils l' auraient fait. ll faut tout d'abord préciser que, dès le Moyen Age, les habitants d'Arnad, faute de torrents ayant un débit régulier, ont conjuré les dangers de la sécheresse griice à un touffu système de canaux et de rigoles prenant ori– gine des peseun-e, réceptacles d'eau alimentés par quelques petites fon– taines ou par des ruisseaux. Ces réservoirs, après s'ètre lentement remplis, étaient vidés par les paysans, qui pouvaient ainsi arroser leurs biens cultivés selon un pian général de distribution de l'eau: les égances. Malgré cela, la partie du terroir sise à la limite occidentale de la seigneurie, vers Verrès, dé– pourvue de sources, était continuellement atteinte par les dégiits du climat. Au commencement du xve siècle on essaya de résoudre ce vieux problème d 'une façon simple du coté conceptuel, mais presque irréalisable au point de vue pratique: avec la construction d'un ru qui, du torrent Evançon meniit l' eau jusqu'au Clos-de-Barme, premier hameau d'Arnad dans la direction Aoste- lvrée. L'entreprise était quasi impossible, surtout si l'on considère que, en plus de biitir quelques kilomètres de ru cramponné ça et là sur le ro– cher, il aurait fallu traverser les vergers d'une autre communauté, celle de Verrès, et, d'autant plus, prendre l'eau et la conduire par les terres apparte– nant à d'autres seigneurs: ceux de Challant. À cette époque-là les Vallaise tenaient solidement dans leurs mains la seigneurie d ' Arnad: ils en étaient coseigneurs Rolet de feu Bertholin, de la branche de la Cote, et Jean miles fils à feu Jean, pour la branche de l 'Hotel. Après les guerres et les querelles pour les fiefs des vallées du Lys et de l'Evançon du xme siècle, et l'accord passé en 1409 entre Yblet de Challant, le Capitaine, et lesdits Jean et Rolet pour la composition des différends survenus à cause des fiefs de la branche d 'Hérères, les rapports entre les Vallaise et les Challant avaient pris une allure plus pacifique2. Le nouveau climat entre les deux familles, qui aboutit mème à des ma– riages, d'une part, et le grand mouvement d ' amélioration et de développe– ment des rus qui, entre temps, s'était épanoui en Vallée d'Aoste, de l'autre, furent les prémisses pour aborder la construction du nouvel aqueduc. En effet avant l'année 1409, Yblet avait déjà inféodé les susdits Rolet et Jean du droit de lever de l'eau de l'Evançon, dans les alentours de Verrès, et de la conduire, moyennant un ru, vers Arnad3. 2 Sur !es rapports entre !es seigneurs de Challant et ceux de Vallaise cf. O. ZANOLLI, Lillianes, his– toire d'une communauté de montagne de la Basse Vallée d'Aoste, Aoste 1985, pp. 134 et suivantes. 3 Archives Del Carretto di Balestrino, Albenga, (ADCB), carton 2, document n. 33. L'inventaire pro– visoire de ce fonds à été publié en B.A.A VIII, Aoste 1977. L'inféodation a dfi etre donnée entre 1365, an– née en laquelle Jean de Vallaise commença à agir juridiquement et 1409, quand mourut Iblet de Challant 28
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