21 Le Flambeau - 06
ll résulte que le Président du Tribunal, prenant acte de la décision du père, demande au meme de s'asseoir, « avec son chapeau sur la tete », après quoi invite le fils à se « mettre ensuite à genoux ... devant lui avec !es mainsjointes, !es quelles son père ayant pris enn·e !es siennes, !es a ouvertes trois fois ... ». Nous assistons maintenant dans ce que nous pouvons considérer com– me le point fondamenta! de la cérémonie alors que, « en signe d' émanci– pation »,le père récite une sorte de formule toute les fois qu'il ouvre les mains de son fils : « J ean Aimé, mon fils, je vous émancipe et vous mets hors de ma puissance, vous relache tous les acquis etprofits que vousferez et vous donne pouvoir de votre nom comparoitre et sister en jugement, de contracter, négocier, disposer de vos biens et avoir quelconque tant par actes entre vifs que par testament et autres dispositions en dernière vo– lonté et générallement et agir tout ainsi (trou dans le document) pouvant faire et agir le père de famille et duement (trou dans le document) éman– cipés à charge néanmoins que vous me portiez toujours l' honneur et le re– spet que vous devez comme à un père, que vous soulagez dans ma vieilles– se et mes infirmités et lorque j' en aurai besoin suivant vos facultés. ». Après le récit de la formule, la cérémonie se termine enfin avec le fils qui« s' étant levé debout »,le remercie « en lui baisant la main ». En lisant la date du document, l'an sept de la Répupblique Française et premier de la liberté piémontaise et le dix germinai (soit mille sept cent nonante neuf) on peut bien comprendre que le Duché d' Aoste, à ce mo– ment Département de la Doire se trouvait complètement assujetti aux loix du gouvemement français. Notre "Coutumier" avait été mis à repos il y a une trentaine d' années, depuis lors le nouveau code ne prevoyait plus la cérémonie entre l'éman– cipant et l' émancipé. Cependant, le "citoyen" Jean Cristillin président du Tribunal Civil et Criminel d' Aoste (qui probablement n'était pas le seul) se fiche des nou– veaux règlements et par respect à une tradition morale - juridique, qui était bien enracinée parmi les valdotains, célébra dans la salle d'audience la cérémonie camme depuis toujours. Voilà donc un autre témoignage de l' attachement de nos ancetres à la traditian d' aspect moral envers ses propres fils avant de leur céder toute autorité et partie des biens. L'émancipation5 était demandée par le fils et le père avait, de toute façon, la faculté de la refuser. 6 · 5 Coustumes du Duché d'Aoste- Livre I, Ttltre XX- Artide XLI- < Les enfants sortenthors de puis– sance paternelle par émancipation et aussi quant ils sont constituez en ordre sacré de sudiacre. >> 6 Coustumes etc. Livre I, Tiltre XX- Artide XL-<< Ne peut le père estre contrainct d'émanciper sonfils. Etfaut que l'enfant le requière: ne le peut toutesfois requerir, pendant qu'il est mineur de quatorze ans >>. 48
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