23 Le Flambeau - 09

UN LAC ÉPHÉMÈRE D'IL Y A PLUS DE MILLE ANS Les contes et récits du Valais concernent relativement peu l'eau pourtant si précieuse; quelques sources bénéfiques ou maléfiques ou à caractère sacré, des pélerinages liés à l'eau dans les rites pour l'obten– tion de la pluie, quelques rares récits autour des bisses et des cours d'eau. Toutes les histoires qui en parlent se rattachent plus ou moins étroitement aux traditions européennes, mais un récit, celui du Lac du Valais, est plus singulier etje vais relater ce que j'ai pu en savoir. Vers le milieu du siècle passé j'ai entendu, occasionnellement ou dans les veillées, des allusions au Lac du Valais selon lesquelles toute la vallée valaisanne du Rhòne étaitjadis recouverte d'un immense lac. Ne sachant où le situer dans mes connaissances géographiques et historiques, j'ai entrepris des recherches. Tous mes informateurs habituels connaissaient la tradition, avec de notables différences sur son étendue, de Port-Valais près du Léman, jusqu'à Naters et au-delà, incluant ou non, la vallée de Bagnes, ou étroitement circonscrit selon diverses variantes. Tous affir– maient que le long des rives de ce lac on trouvait de grands anneaux de fer là où les habitants d'alors attachaient leurs barques. "Jadis, tout le centre du Valais était un immense lac. Au sommet du Chédéon l tu peux encore voir les anneaux où nos ancetres amarraient leurs barques. Ce lac était un reste du Déluge et il a mis des siècles et des siècles à disparaitre. D'ailleurs à Baar, juste au-dessus du Chédéon, on appelle un endroit les Rives2, c'est parce que le lac venait jusque là. Je , Paroi rocheuse qui se dresse au-dessus de la Printse entre Aproz et Baar, commune de Nendaz. 2 Dans le périmètre de chaque village de Nendaz (et de bien d'autres communes valai– sannes). on trouve ce toponyme. Il s'agit bien de rives, mais elles peuvent longer un torrent, un bisse, un chemin, meme dans certains cas une foret ou une crete. 71

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