21 Le Flambeau - 03

naient toujours plus étroites ; on n'arrivait presque plus à sortir des maisons! Les hommes amoncelaient la neige d'un còté et de l'autre du petit sentier qu'ils avaient du mal à gar– der toujours ouvert. Le village fut totalement isolé pendant plusieurs jours. Au fur et à mesure que les couches de neige se superposaient, le village s'endormait et moi avec lui! C'est seulement au prin– temps que je me repris un peu en espérant chaque jour voir arriver au village mon maitre, mais il ne revint ni au mais d'avril, où commencent les travaux chez nous, ni à la saison des foins et des moissons . Mes parents commençaient à penser qu'il s'était offensé pour quelque chose. Ils firent meme des recherches par l'in– termédiaire d'un lointain parent habitant à quelques lieues de son village, mais personne ne l'avait plus revu depuis le nouvel an. Oh, si j'étais triste ! On n'arrivait plus à me consoler : j'avais perdu un maitre sans pareil, juste au moment où je commençais à me passionner pour ce qu'il m'avait enseigné. Je me suis demandé, souvent, pourquoi j'avais un tel atta– chement, à la limite du raisonnable, pour Sabin. J'ai compris, beaucoup plus tard, qu'un jeune a toujours besoin de trouver un modèle adulte et moi, non seulement j'avais en lui un modèle, un compagnon, mais aussi un maitre. En plus, Sabin représentait pour moi un souffle de nouveauté dans la lassi– tude du quotidien au village, une fenetre grande ouverte sur le monde ! Chose qui rassasie aussi grandement l'ame des jeunes gens. En souvenir du maitre, je demandai à mon père de m'ache– ter quelques livres sur les plantes médicinales pour continuer mes recherches. J'attendais ces volumes depuis longtemps, lorsqu'un jour mon père, revenant du marché, m'apporta un gros livre de l'Abbé Kneipp, où je retrouvais la description de presque toutes les plantes que Sabin m'avait montrées. Cette fois j'étais un peu plus content. Le temps passait et chaque jour j'apprenais, tout seul ou aidé parma grand-mère- passionnée elle aussi par les plantes médicinales- quelque chose de plus, mais j'aurais voulu par-