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lien, français et francoprovençal, je ne prendrai pas en consi– dération cet autre domaine linguistique. Après cette petite introduction de caractère général sur les langues présentes sur le territoire valdotain, je voudrais exa– miner rapidement un problème qui, en quelque sorte, a tra– versé l'histoire linguistique de notre région, à partir de 1861, date de l'unité de l'Italie. En effet, à partir de cette période, on a vu se développer, pour la première fois, une opposition entre nos deux langues régionales : le français et le patois. J'aimerais donc chercher à analyser ce problème qui a tou– ché de nombreux domaines : des problèmes concernant la graphie jusqu'à arriverà ceux de la protection et de la sauve– garde de ces deux langues. La date de départ qui nous permet de comprendre l'ori– gine de ce problème est 1861. En effet, le premier auteur qui semble suggérer l'idée de cette opposition entre langue française et patois a été le député au Parlement italien, Gio– venale Vegezzi-Ruscalla, qui, en 1861, publie un pamphlet, Diritto e necessità di abrogare il francese come lingua uf– ficiale di alcune valli della Provincia di Torino . Ce texte, camme le dit très clairement le titre, ne fait pas référence au seul territoire valdotain, mais prend aussi en considéra– tion les autres vallées francophones de la province de Turin. Cependant, ce sont les Valdotains qui décident de répondre les premiers à cette attaque et isolent donc en quelque sorte cette polémique linguistique à l'intérieur du territoire val– dotain. En effet, la parution du texte de Vegezzi-Ruscalla peut etre vue camme le début de la guerre contre la langue française en Vallée d'Aoste. La publication de ce texte et la dure attaque contre la langue française ont mobilisé un grand nombre d'intellectuels valdotains mais, parmi eux, se détache la figure du chanoine Édouard Bérard. En effet, Bérard décide de rédiger la réponse au texte de Vegezzi-Rus– calla et il publie à son tour l'opuscule La langue française en Vallée d'Aoste Réponse à M. le chevalier Vegezzi-Rus– calla, édité en janvier 1862. Dans un passage de son ceuvre, Édouard Bérard montre, pour la première fois, le développe– ment de cette nouvelle position qui vise à séparer pour tou- m

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