22 Le Flambeau - 12

ITINÉRAIRES C HANT ÉS * Maryse VUILLERMET J / ai reçu un message d'un jeune homme qui présente un mémoire pour obtenir le diplòme d'accompagnateur en moyenne montagne. Il m'a demandé quel était l'itiné­ raire emprunté de l'Italie, plutòt du Val d'Ayas, d'où est parti mon grand-père vers le Haut-Jura où il est arrivé. Après avoir obtenu son diplòme, il voulait organiser une randonnée de plusieurs jours qui suivrait cette route des émigrés. Il disait qu'ils prenaient toujours le méme parcours, qu'ils avaient dane créé une route, un chemin. Ils étaient capables d'expli­ quer ou de dessiner cet itinéraire. Ils se l'écrivaient sur des bouts de papier, sur des cartes postales, traçaient les plans, écrivaient des noms. Et j'ai repensé à ce que raconte Bruce Chatwin dans son roman Le chant des pistes. Les Aborigènes ont en téte d'in­ nombrables itinéraires chantés qui traversent toute l'Aus­ tralie. Leurs chants sont à la fois des poèmes transmis dans des cérémonies d'initiation, des chants d'appartenance à une tribu, des topo-guides pour trouver et suivre les iti­ néraires. Et en méme temps, le fait de les décrire par le chant, de les nommer, les fait exister et les fait appartenir aux clans des hommes qui les ont chantés. De temps en temps ils partent sur ces chemins i on dit qu'ils partent en walkabout. " Un chant était à la fois une carte et un topo-guide. Pour peu que vous connaissiez le chant, vous pouviez toujours vous repérer sur le terrain. -Est-ce qu'un homme parti en walkabout suivait toujours ces itinéraires chantés ? - Jadis, oui, approuva-t-il. De nos jours, ils voyagent en train ou en voiture. -Et qu'arrivait-t-il si un homme déviait de sa route ?

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