22 Le Flambeau - 12

Ensuite plus au sud à trois miles, deux autres Irlandais en trouvent une plus grosse encore. On appelle cet endroit, the golden Mile. La ruée se déclenche, à pied, en chameau, à cheval, certains déjà en voitures, tous ils arrivent. Il n'y a pas de ville, seulement des baraques, des tentes. Des compagnies gèrent les magots. Il aurait pu étre chercheur d'or ou simple mineur embau­ ché par un patron. Mais dans les deux cas, le digger doit creu­ ser la roche à la pioche, à deux, toujours: l'un tient la barre à mine et l'autre tape, à la lueur de la bougie, celui qui tape ne doit pas faire une erreur, sinon, il brise le coude ou le poignet de celui qui tient. Quand ils ont fait une dizaine de trous en cercle dans la veine, ils mettent la poudre d'explo­ sifs dans les trous très délicatement, ils allument et ils s'en­ fuient pendant l'explosion et la descente de pierres. Après, ils déblaient la roche et la lavent. Le problème, c'est l'eau: si on a l'or sans eau on n'a rien. On raconte qu'au début, à Kal­ goorlie, le seau d'eau de 50 litres valait deux livres, le désert n'a pas envie de livrer son or sans résistance. Un Irlandais a créé un pipeline d'eau depuis Perth, 563 kilomètres de cana­ lisation pour amener l'eau, mais il s'est suicidé avant d'en voir une goutte. On raconte aussi que bien plus au Nord, à Tenant Creek, ils sont tous venus aussi pour l'or : 600 kilomètres à pied, à cheval, en vélo pour ceux qui venaient d'Alice Springs, et comme il n'y avait pas d'eau, ils sont repartis. Un, plus malin -il s'appelait Henri Chapmann- est arrivé après les autres avec une vieille machine qui ressemblait à une horloge. Il a regardé partir les derniers assis au-dessus la source souter­ raine qu'il avait trouvée. Et après, il a commencé à exploiter le filon avec son fils, il a installé un broyeur et tout, et il est devenu l'homme le plus riche de la ville. Au fond des galeries, la chaleur est horrible, les hommes sont nus et dégoulinant, ils respirent la poussière à pleins poumons, la silicose arrive très vite et, après, ils ne peuvent plus s'allonger car leurs poumons sont malades et se rem­ plissent de liquide et ils s'asphyxient. Alors ils dorment as­ sis. J'ai vu plein de gravures où l'on voit les mineurs assis,

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