22 Le Flambeau - 12

sublime structure du monde ", comme l'a écrit Charlcs Ster­ ling. Dans ce cadre, la Sainte Vierge participe à la fois de la gloire divine et de la condition humaine, garantissant la des­ tinée éternelle de l'humanité par la résurrection : les deux sépulcres vides, le sien près cles portraits cles frères Monta­ gny et celui de son Fils à còté de la figure de Guillaume de Monjoie, le prouvent. Bien que fermé, son manteau rappelle celui cles Vierges de Miséricorde et s'étend idéalement dans le bleu sombre du ciel à couvrir l'univers et à protéger les priants agenouillés. La foule cles anges, cles patriarches, cles prophètes, cles saints, à ses còtés, renvoient aux invocations cles Litanies : Regina angelorum, Regina patriarcarum, Re­ gina prophetarum, Regina apostolorum, Regina martyrum, Regina confessorum, Regina virginum, Regina sanctorum omnium. " Tous ces motifs, écrit Jacques Chiffoleau, - Pa­ radis surpeuplé de saints, triomphe de la Vierge médiatrice, présence réconfortante du Purgatoire - s'inscrivent dans le droit-fil de la piété cles avignonnais du xvc siècle. Mais le prix-fait dicté par Jean de Montagnac [lire : Montagny] n'est pas une simple liste de thèmes traditionnels, une sorte de bric-à-brac mythologique rassemblant sans ordre les figures dévotionnelles les plus courantes. Il semble bien au contraire que le chanoine de Saint-Agricol ait eu cles intentions pré­ cises, un plan clair reflétant une culture théologique assez riche, attentive aux discussions en cours, une volonté en­ fin d'organiser les différents éléments du retable autour d'un thème central. (. . . ) Jean de Montagnac est un peu plus savant que la majorité cles avignonnais au milieu desquels il vit. Il a sans doute entendu parler cles débats théologiques du concile de Florence, il tient à offrir une représentation subtile de l'histoire du salut et il veut exalter la puissance active de l'intercession mariale "· Comme toute ceuvre de l'art médié­ val, le Couronnement de la Vierge avait un but à la fois péda­ gogique et anagogique, elle devait etre compréhensible à plu­ sieurs niveaux, par le théologien comme par le simple fidèle, dans un contexte culturel où la représentation du sacré s'ex­ primait en un langage partagé par l'ensemble de la société : c'est pourquoi les thèn1es choisis, écrit encore Chiffoleau,

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