22 Le Flambeau - 12

de ce geme, le testament de 1449 ne fait aucune référence à des maladies : c'est clone probablement un acte établi en vue d'un long voyage, comme c'était la coutume en Europe à l'époque. On peut clone supposer que Jean testa à la veille d'un pèlerinage qui allait l'amener à Rome à l'occasion du célèbre Jubilée de 1450, puis à Jérusalem, en passant vraisemblable­ ment par Constantinople, autre haut-lieu de la Chrétienté. Le Concile de Florence, auquel nous venons de faire référence et qui s'était déroulé de 1439 à 1443, avait vu l'intervention de l'empereur Jean VIII Paléologue et de ses frères et avait amené en ltalie, centre rayonnant de la culture humaniste, de nom­ breux intellectuels byzantins, dont le célèbre cardinal Bessa­ rion. La métropole de l'Église orthodoxe avait clone acquis aux yeux des intellectuels un prestige nouveau: l'homme de goùt et de doctrine qu'était le chanoine de Montagny ne pouvait manquer l'occasion de la visiter i tout laisse supposer que Jean de Montagny aurait visité cette ville vers 1450-1451 au plus tard, car les Tures en interdirent l'accès aux Chrétiens pen­ dant longtemps après la conquete de 1453. Dans la vue fan­ taisiste (mais pas trop) de Jérusalem, un grand batiment en forme d'arènes représente peut-etre le Colisée, peut-etre l'Hip­ podrome de Constantinople, souvenirs visuels du pèlerinage. Comme nous l'avons dit, dans son testament Jean exprime la volonté d'etre enseveli en l'église de la chartreuse de Ville­ neuve-lès-Avignon i il y déclare aussi de vouloir faire peindre pour son tombeau un tableau-épitaphe figurant un sujet plu­ tòt traditionnel : une Sainte Vierge à laquelle le donateur est présenté par saint Agricol, patron de la collégiale dont il était chanoine. Quoi de plus naturel, au retour d'un pèlerinage à Jérusalem, que de changer son projet initial, en introduisant les thèmes de la mort du Christ et les paysages qu'il avait traversés ? Le peintre aussi, Enguerrand Quarton, avait pu contribuer à orienter son choix vers la Pietà, un thème ico­ nographique répandu dès le début du siècle en Italie (que Jean avait traversée), dans les Flandres et dans la France du Nord (patrie d'Enguerrand). Ce changement, toutefois, n'avait pas été radical : bien au contraire, le sujet principal du tableau (peint au plus tard vers 1455-56, c'est-à-dire un ou deux ans m

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