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LESECRET / DU GUERISSEUR RoMAN- se épisode -o- Henri ARMAND La guerre et la paix Pendant notre voyage vers le Petit-Saint-Bernard pour nous rendre à Lyon nous arrivames, vers deux heures, près d'Avise : nous pouvions clone espérer atteindre l'Hospice avant la nuit. À Pierre-Taillée, près de Runaz, je fus frappé par la déli­ cieuse vision du Mont-Blanc, encadré par le rocher ; je crois quc c'est assez unique, d'autant plus que le soleil illuminait le géant des Alpes de tout son éclat, à cette heure-là. Sabin me raconta que, les Français ayant envahi le Duché d'Aoste vers la fin du XVII" siècle, les Vald6tains avaient pu résis­ ter assez longtemps grace à cette fermeture du rocher qui ne permettait aucun autre passage. Mais les soldats français étaient déjà nombreux en amont de l'embouchure et, d'après les dernières nouvelles, beaucoup d'autres étaient en train de se concentrer dans le Valdigne. Les gens de Runaz s'étaient déjà sauvés depuis un mo­ ment, ayant essuyé à maintes reprises la rudesse des inva­ sions précédentes. Heureusement, cette fois, après les premiers moments de panique, quelqu'un eut l'idée d'allumcr, la nuit, un grand feu au Court-de-Bard, entre Avise et La Salle, et d'y faire tourner tout autour, jusqu'à l'aube, le méme groupc de personnes. " On raconte, souligna Sabin en souriant, que les Français crurent qu'une troupe énorme était en train dc s'organiser pour descendre ensuite en bas et se méler au combat et ils décidèrent, enfin, de foutre le camp "·