22 Le Flambeau - 12

Par momcnts Sabin se tournait et parlait avec Valérie du temps " qui nous accompagnait " dans le sens qu'il se main­ tenait bon, de la récolte de l'automne, du bois qu'il fallait couper à la bonne lune, sinon " il ne brùle pas bien " et que sais-je encore. Moi, en attendant je regardais le paysage et un petit tableau champetre attira pour un moment mon atten­ tion : une grand-mère gardait des brebis en compagnie de sa petite-fillc : sans doute elle lui racontait l'histoire du petit chaperon rouge ou du petit poucet car elle était charmée par la vieille, on le voyait de son beau visage souriant et reveur... Un peu après des vaches paissaient par-ci par-là dans les prés et je m'amusais à voir comment les chiens savaient les tenir dans les limites fixées par le berger. Des fois un chien s'at­ tardait-il à rever pour son compte ? le berger lui criait " uss, djappa lé , 1 et le chien partait camme la foudre, mordait le jarret de la vache qui avait transgressé et celle-ci redevenait tout de suite sage, rentrant dans les rangs. Des fois les chiens eux-mémes prenaient l'initiative, quand ils s'apercevaient qu'une vache était allée trop loin : ils arrivaient près de la vache en jouant sur la surprise, puis ils lançaient deux cris féroces à la vache trop entreprenante et en un éclair tout ren­ trait dans l'ordre. Ils ont une vraie compétence profession­ nelle, quoi, dans leur secteur ! Nous avions passé depuis un moment La Thuile lorsque Sabin se tourna encore une fois vers Valérie et vit qu'elle s'était endormie à còté de sa fillette qui se reposait paisible­ ment depuis belle lurette, laissant sa petite poupée hors des couvertures, bercée doucement par le rythme du chariot. l En francoprovençal : allcz, aboic, fais-la rentrcr.

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