Contesse Marie Victoire de Challant-Solaro
- 14 - Elle avait l ' air d'ignorer absolument ses mérites et se gardait bien de s'en flatter, L'adversité ne la troublait jamais et ne lui enlevait 111 calme ni gaieté de cœur, ni ne changeait l 'expression de son visage. Simple et ingénieuse, elle avait l ' air d 'être toujours contente ; « Elle avait toujours le petit mot pour rire ,, ; elle se faisait toute à tous « pour les gagner tous à Jésus Christ ». Elle réalisait le mot de l ' Apôtre : fit carne ambulantes tton secundum carne111 militamus sed secundum spiritum. . . " . Candide et franche, elle détestait l ' hypocrisie. Tout humble et douce, elle ne se permettait jamais d'élever la voix dans la vie privée et domestique. Quand elle avait besoin de quelque service, elle avait l ' air de prier ses ser viteurs plus que de leur commander : « Faites-moi ce plai sir, disait-elle, faites-moi, s'il vous plaît, cette grâce». La paix rayonnait autour d'elle : .il!fansueti autern lzœreditabunt terram et delectabzmtur m multitudine pacis. * * * Toutefois elle ne tolérait pas la désobéissance, ni dans ses enfants ni dans ses domestiques ; si quelques-uns de ceux-ci désobéissaient, sans s'offenser, elle les appelait, les payait et les renvoyait. Si ses enfants lui désobéissaient, elle ne les maltraitait ni ne les injuriait aucunement ; mais elle les obligeait à se tenir debout dans un coiI1 de la chambre où elle travaillait; quelque fois elle les privait d ' un peu de nourriture ou de telle autre chose qui leur eut été agréable. Elle les faisait travail ler comme elle-même ; elle trouvait le moyen d'occuper même les dames qui all::iient lui ren dre visite. Un jour qu'un ecclésiastique surprit ces clames ainsi · toutes occupées, il se plut à définir les instruments dont elles se servaient du terme plaisant « de chasse diable"·
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