Contesse Marie Victoire de Challant-Solaro

- 15 - Quoique toujours occupée, elle se rappelait habituel l e­ ment la présence de Dieu. Son union intime et habituelle avec Dieu ne l'empêchait pas de fuir l'oisiveté curnrne une peste; elle la faisait fuir aussi à ses enfants ; car elle retenait l'oisiveté comme une source de disgrâces spirituelles. Elle croyait que la plupart des âmes doivent lem réprobation à leur oisiveté. Or, cette grande darne était admirable d' humilité dans ses occupations; l'aiguille à la main, elle raccommodait les chemises de ses enfants, elle vaquait à d 'autres offices plus vils. Elle disait que rien dans l'accomplissement de ses de­ niirs n'est petit devant Dieu. * * * Aussi bien, les plus douces relations de cœur et d'esprit ! 'unissaient-elles avec son mari et ses enfants. « Il faisait . beau la voir, écrit son biographe, comme un cep très abondant en raisins ; et tous ses enfants, comme tout autant de nouveaux oliviers, autour de sa table, pour y recevoir les alirn_ ents qui leur estoient les plus propres et plus nécessaires tant pour leur âme que pour leur corps. Elle les cultivait plus par son exemple que par ses paroles. » Elle servait souvent de marraine ; or elle prenait de ses filleuls les soins qu'elle accordait à ses enfants. Parlant de l'affection à accorder aux enfants, elle disait qu'il faut en témoigner davantage à c.eux dont l'intelligence est plus tardive et le corps moins bien fait, car, ainsi l'affec­ tion, étant moins naturelle, est plus chère à Dieu, et, d'au­ tre part, les enfants enrichis des dons naturels seront moins orgueilleux ; tandis que ceux qui sont moins bien partagés sous cc rapport se trouveront confortés, comme ils en ont besoin. In te inimicos ventilabimus cornu et in nomine tuo spernemus insurgentes in nobis. C'était une âme dans laquelle tout était ordre et harmo­ nie; son air, sa tuurnure, son langage témoignaient qu'elle exerçait un empire cons t ant et universel sur ses passions. -

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