Contesse Marie Victoire de Challant-Solaro
- 16 - Elle s'était fait aussi une loi de compatir aux manquements d'autrui, d'interpréter toute chose en bien; elle ne se scan dalisait de personne. * * * Modeste et recueillie, le contact avec le monde, les vi sites, les bruits, les tracas du monde, lui déplaisaient et elle les évitait de son mieux. Son biographe note qu'elle ne pa raissait en public qu'autant que son <lev.air l'exigeait. Elle en craignait les conversations inutiles et trop souvent con traires à la charité. « C'est pourquoi, elle se plaisait à de meurer à Issogne, non pas pour l'agrément du lieu, qui de soi est fort triste et sombre et qui, même à cause de l'air de la rivière lui était fort préjudiciable à la santé, mais parce que cette solitude favorisait ses goûts spirituels. » Ce nonobstant, à peine le comte lui fit-il connaître le désir d'habiter Châtillon, que de suite, sans protestation ni diffi culté aucune, elle renonça à ses goûts, pour entrer pleine ment dans les vues de son époux. Aussi ce dernier avait-il pour elle une estime singulière et en faisait-il habituellement les plus grands éloges. * * * Pleine de charité dans ses paroles et dans ses jugements, elle se gardait de s'abandonner à la médisance ; elle l'em pêchait avec soin dans son entourage. S'agissait-il de rele ver une faute publique, elle trouvait encore le moyen d'en atténuer la gravité dans son auteur et de l'excuser. S'agissait-il de s'imposer à l'audace, à la pétulance de l'impie et du vicieux ? Personne n'en trouvait le secret mieux qu'elle. Sa pose et son regard suffisaient pour cela, tant était grand l'ascendant que lui donnait sa haute vertu ; laquelle répandait même extérieurement sur sa personne un éclat et une majesté irrésistibles. Elle croyait justement que, si le devoir de la correction est d'une importance sauve-
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