Contesse Marie Victoire de Challant-Solaro

2 I * * * Elle faisait ces longues oraisons, que son biographe ne sait dire si elle s'était prescrites d 'elle-même ou sur l 'avis de ses pieux directeurs de conscience, avec une telle régu­ larité et ardeur que, durant tout ce temps, personne n'osait l'interrompre. Elle les faisait souvent à genoux nus sur les pierres, de sorte que, selon « le récit de personnes dignes de foi ,, ses genoux étaient devenus « plats comme des as- . siettes» . Elle _ l es faisait sans ostentation, « éloignée entièrement de toutes vaines et ridicules imaginations qui ne se présen­ tent que trop souvent, dit Bréau, à l ' esprit des personnes qui font profession d 'être adonnées à l 'oraison et qui, par certaine légèreté d'esprit, croient à tout ce qu'elles se re­ présentent. » - Mais, ce qui est très notable, c'est que, alors même qu'elle donnât aux exercices de piété presque toute la matinée et d'autre temps plus tard, elle avait quand même l 'œil à tous les détails domestiques, de façon que, ne perdant pas un seul moment de temps, elle pour­ voyait régulièrement à tout et à tous, à la satisfaction gé­ nérale. Mulier timens Doninum, ipsa laudabitur. Mais voici un détail qui va nous expliquer comment cette sainte femme savait faire tout ce qu'elle faisait et ne négliger rien. Son biographe nous consigne l 'horaire qu'elle suivait, ou la distribution de son temps. - A moins qu'elle n ' eût été malade, elle ne se retirait l a nuit que quand ses enfants et domestiques étaient retirés en leur chambre ; elle se couchait la dernière. - A minuit elle se levait pour prier ou pour méditer ; ce nonobstant, c'était encore elle qui, le matin, se levait la première ; et, dès les lueurs du jour, elle se mettait de nouveau en prières et renouvelait ses résolutions morales. Après ce, elle se rendait invariable­ ment à l 'église, toujours à pieds, y aurait-i: eu de la neige jusqu'au dessus du genou ; en ce cas seulement elle admet­ tait la compagnie de quelqu' un qui la soutint de la main . - Elle ne sortait de l 'église que quand ses devoirs le lui imposaient.

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