Contesse Marie Victoire de Challant-Solaro

28 * * * En cas de maladie de ses enfants, elle avait soin, avant tout, de recourir aux secours du ciel et à la protection des saints. A ce propos son biographe consigne un détail tou­ chant l ' une de ses demoiselles qui était tombée malade. La pieuse baronne connaissant la dévotion qui porte nos villa­ geois à recourir à S. Germain dans les maladies des en­ fants, eut hâte d ' en faire autant. Mais voici qui est remar­ quable : elle part elle-même, accompagnée seulement d ' une servante qui portait l 'enfant, et bien qu'elle fut elle-même infirme, elle se dirige à pieds vers la paroisse dédiée à ce Saint. Arrivée au presbytère de S. Germain, elle n'y trouve qu' un jeune homme de seize ans, chargé de garder la cun:, le curé étant . momentanément absent. La dame, que le jeune homme ne connaissait pas, le prie avec la plus grande modestie de vouloir bien aller requérir le curé (que Bréan dit « homme fort pieux et exemplaire » ; c'était Jean­ Jacques Curta, de Gressoney, curé 1 694- 1 727) et l 'inviter à rentrer sans toutefois se presser ni se gêner ; qu' entre temps elle se chargeait de garder la maison et de répondre de tout ce qui aurait pu arriver. Le jeune homme hasarda alors de demander à la visiteuse quelle dame elle pouvait bien être, pour en informer mieux le curé. Elle répondit qu'elle était la baronne de Châtillon. Le bon prêtre de­ meura tout surpris et édifié de voir cette dame de distinc­ tion s'assujetir à une démarche et à une fatigue, que tant d' autres mères confiaient souvent à d 'autres en ces con­ jonctures. Voilà bien une preuve palpable de son attention à ne pas vivre selon le monde. En voici d'autres encore : Ennemie jurée « du faste et des grandeurs qui se pra­ tiquaient pour lors parmi les grands du monde » , elle ne voulait jamais « porter beau comme tant d' autres dames de sa qualité, se contentant d'habits très simples et, pour l ' or­ dinaire, d ' une étoffe noire. » Etant une fois malade et désirant conférer avec son directeur spirituel des intérêts de son âme, elle se fit porter