Contesse Marie Victoire de Challant-Solaro

* * * Son âme était très pure ; son confesseur se contentait de lui donner sa bénédiction lorqu'elle se présentait à confesse ; surtout le vendredi, qu'elle se confessait pour la sainte com­ munion qu 'elle avait coutume de faire en l ' honneur de la passion et de la mort du divin Sauveur ; sacrement qu'elle recevait avec toute préparation : le jeûne et la mémoire de ses péchés, qu'elle se rappelait sans cesse, les tenant en note par écrit. Les pauvres étaient ses enfants de prédilection ; elle les recevait au château , les soulageait ; en retenait quelques­ uns, jusqu' à huit jours, pour leur faire apprendre l'oraison dominicale et autres prières ; s'il y avait des prisonniers, elle leur faisait chauffer des pierres à la braise pour rendre leur séjour moins douloureux à la rigueur de l 'hiver. D'au­ tres, qui étaient retenus par la honte, elle les faisait cher­ cher et puis soulager ; leur envoyant le nécessaire, la nuit, par ses domestiques. Elle avait soin de faire apprendre à ceux qui l'ignoraient à se raccommoder. * * * Quand elle le pouvait, elle ne mangeait à table qu'un plat d'orties ou de pourpier. Ce que voyant, les gens du monde, la tournaient en ridicule ; comme fit certain Poscè, ouvrier qui était occupé à embellir l 'église de Châtillon ; et qui la surprit avec cet aliment, au château d 'Issogne, un jour qu'elle y était seule avec ses plus jeunes enfants. Le comte, François - Jérôme, apprenant les railleries de ce mauvais sujet, l ' appela au château de Châtil­ lon et lui fit servir un magnifique dîner, lui disant : « sa­ che que le Comte peut manger splendidement s'il le croit ; loin de mériter tes sarcasmes, la ::omtesse est digne de toute louange ; elle a plus de vertu en la pointe d ' un seul de ses doigts que tu n ' en as dans tout ton corps » . Ce fut là toute la vengeance du noble seigneur.

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