Contesse Marie Victoire de Challant-Solaro
3 1 * * * Durant le long procès (qui avait duré l 'espace de cent ans), que son mari gagna enfin contre le marquis de Balestrin, elle ne s'inquiétait point, �ais recommandant l 'af faire à Dieu et aux saints, elle se reposait. Pour se ren dre Dieu et les saints propices, elle jefmait, priait et s'affli geait de toutes manières. C'est ainsi que souvent (sauf au bourg de Châtillon, où elle reprenait ses mules) elle se rendait pieds nus à N. D. de Grâces, de là à N. D. du Chatellair, et revenait de l a même maniè . re. Elle avait habitué ses enfants à cette pratique du jeûne. Un jour qu' un de ses jeunes enfants, qu' elle avait la cou tume d 'envoyer au couvent des Capucins pour y servir la messe, découvrit à la sacristie des coupures d 'hosties, il demanda au frère ce que c'était. Le frère lui répondit qu'on avait accommodé des hosties pour les messes et que c'étaient les restes. « Est-ce bon à manger? » - Pourquoi demandes-tu cela ? réplique le frère. Parce que maman nous dit qu'afin que le bon Dieu nous fasse la grâce de gagner notre procès, il faut que nous jeûnions » . Ce ne fut que sur l ' avis du frère capucin, qui le rassura, qu'il osa y toucher. * * * Elle fit célébrer à cette occasion trois messes consécuti v . es à N.-D. de Grâces, durant lesquelles elle ne cessa de pleurer ; elle fit offrir neuf cœurs au nom de tous ses en fants. Elle passait jusqu'à neuf nuits consécutives sans se coucher dans son lit, toujours occupée à s'humilier devant Dieu ou à se donner la discipline ; que si elle se couchait elle trouvait le moyen de s'adapter une planche sous le corps. * * * Sitôt que le Sé?at de Turin se fut prononcé en faveur des Challant contre les Balestrin, le Baron d' Ussel, fils
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