Contesse Marie Victoire de Challant-Solaro

- 32 - aîné du seigneur François-}érôme, partit en toute hâte pour le Val d'Aoste, à dessein d'y trouver la baronne sa mère au château de Châtillon, pour lui en donner communication. Il ne la trouva point, mais il ne fut pas en peine de sa­ voir où elle serait. Il se rend à l 'église-mère, S. Pierre. Il l 'y trouve à genoux da � s un banc. Son fils n'osa point la déranger ; saluant de son mieux le S. Sacrement, il lui fai­ sait signe de son arrivée de Turin. La Baronne ne tourna point la tête pour le regarder ; quand elle eut fini ses priè­ res, elle sortit de l ' église ; ce ne fut qu'alors qu'elle l ' in­ terpella trois fois de suite sur l ' issue du procès ; à quoi l ' enfant répondit j usqu' à troîs fois que tout allait fort bien, qu'en une sentence très avantageuse, ils avaient obtenu gain de cause. - Après ce, elle ne lui en parla plus. * ,. * En attendant c 'était à elle-même, à ses pneres, à ses bonnes œuvres que son entourage attribuait le mérite d ' a­ voir obtenu l 'avantage de pareil succès : son mari lui écri­ vit en effet. « Je vous donne, Madame, la nouvelle que le Ciel nous a fait la grâce d' estre rentrés, par le moyen de nos prières, dans tous nos anciens fiefs de la Val d 'Aoste, nos enfants vous en ont des éternelles obligations, et en attendant moy mesme le premier, etc. » D'autre part, les sujets eux-mêmes, une bonne fois déli­ vrés d 'iniquités sans nom commises parmi eux durant un siècle pour être sans maître direct, car les Balestrin ne pa­ raissaient pas dans la Vallée, quoiqu' ils jouissent du re­ venu, avaient laissé les terres à eux soumises dans le plus affreux désordre, en se voyant ainsi délivrés de ces mal­ heurs, ils exultaient de bonheur. Mais rien n'y fit ; la bonne comtesse ne changea point ses habitudes modestes et de silence ; quoiqu'elle notât par écrit tous les événe­ ments de sa vie.

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