Contesse Marie Victoire de Challant-Solaro
- 3 4 - Alors encore, un enfant des plus jeunes tomba dans l 'escalier et se brisa une jamb.e ; le bruit courait que c'était la faute de la baronne. Il fallut que son mari arrivât en toute hâte de Turin pour la consoler un peu. * . * * Antonia Gavod avait son mari en prison au château d'Issogne. Un jour que la comtesse l 'aperçut, elle lui de- . manda Je suj et de son arrivée. Touchée de sa simplicité, elle ordonna à son plus jeune fils d'aller lui-même, cha peau-bas, la prendre par la main et la conduire droit à sa chambre, où elle lui servit à boire et à manger, ce qui ar riva diverses fois. Une autre fois un de ses plus j eunes enfants, ayant reçu un affront d ' un jeune homme pauvre, voulut se venger ; la comtesse se chargea de le fouetter, lui ordonna d'aller lui chercher du pain, de le lui donner en sa présence, ensuite de se mettre à genoux devant ce même pauvre, de lui de mander pardon, de l 'embrasser, de le baiser. Un domestique du château, homme digne de foi, ra contait que, de s . on temps, était emprisonnée dans un af freux cachot une pauvre femme de mauvaise conduite, qui s'était permise de donner la mort au fruit de son péché. La considération de ces fautes ne diminua en rien la misé ricorde de la pieuse dame, qui, chaque jour, se rendait dans ce lieu comme en · un lieu de délices, et faisait préparer à cette malheureuse à chaque repas un plat garni comme à elle-même, et le lui servait de ses propres mains. Une autre femme fut conduite au château sous de graves inculpations: Dès qu'elle fut dans la salle du château, la comtesse ne voulut pas se retirer dans sa chambre sans la voir et lui remettre une aumône de vingt sols, l ' ayant exhor tée à demander à Dieu pardon de ses fautes .et à en faire pénitence ; en attendant qu'elle lui rendrait plus ample ment les offices de charité qu'elle avait coutume de rendre aux autres malheureux.
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