Franchises Statuts et Ordonnances des Seigneuries de Vallaise et d'Arnad J.C. Perrin
INTRODUCTION Le monde du Moyen Age présente une oppos1t10n apparente : d'une part l'homme individuel, de l'autre le groupe. En effet toute la structure de la société féodale s'appuie sur la subordination d'homme à homme, suivant une échelle bien hiérarchisée qui du souverain descend, par degrés de vasselage, aux serfs et qui soumet les appartenants à chaque classe à des droits et des devoirs réciproques. Ce rapport entre les deux parties contractantes apporte des devoirs mutuels : protection de la part du supérieur, fidélité et aide envers le premier de la part du protégé 1. Mais cette subordination est pour les appartenants à la classe plus basse presque un esclavage. Les serfs attachés à la glèbe sont une réalité du Haut Moyen Age ! Privés de tout droit ils étaient liés à la terre qu'ils labouraient sans qu'dle leur appartienne, car les terres allodiales � avaient, à peu d'exceptions près, complètement disparu. De plus, le revenu de ces terres allait en partie au seigneur qui les avait données en fief. Les manants, car ils ne pouvaient pas quitter la terre sur laquelle ils étaient nés, étaient encore opprimés par toute sorte de vexations. Celles-ci, dans les pays de coutume, ne pouvaient qu'augmenter au loisir du seigneur. Le servicium, le redditum, le census, le placitum, les laudes et vendas, le auxilium, le intragium, la decima, le roydum n'étaient qu'une partie des redevances que chaque vilain devait à son supérieur 2• Mais si les redevances foisonnaient, eiles n'enrichissaient pas cependant toujours le seigneur, car elles étaient jusque à une certaine époque presque exclusivement perçues en denrées 3 . Les coffres-forts ( 1) Cf. M. BLOCH, La société féodde - La formation des liem de dépendance, Paris 1949, passim. ( 2) Pour les reconnaissances et les redevances en Vallée d'Aoste cf. ABBÉ HENRY, Reconnaissances et Inféodations dans le Valpelline (Seigneurie de Quart) en 1500 Aoste, Imp. Catholique 1938, n. 9, pp. 62-63. (3 ) Cf. M. BLOCH, Economie-Nature ou Economie-Argent : un pseudo-dilemme, dans M. BLOCH, Me/anges Historiques, II, S.E.V.P.E.N., Paris 1963, pp. 868-869.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=