

FRANÇOIS DE PREZ
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Nous avons vu les I nqu isiteurs de l a foi procéder
dans le diocèse contre l es personnes suspectes d'héré-:
sie ou de sortilège. Les évêques les l aissai ent exercer
l eur autorité, qui n 'avait en vue que la répression de
l 'erreu r et le sal u t des âmes. Les Etats Généraux du
Duché pensaient autrement . Au commencement de
l 'année
1 479,
ils envoyèrent une députation au duc
Phi l ibert, à l 'occasion de la convocation générale des
Trois Etats de Savo i e et d'Aoste à Montcal ier. Ils obti n
rent du pri nce , l e
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février, des l ettres paten tes · por
tant défense aux Inqu i slteurs d 'établ i r l eu r tribunal dans
le diocèse
1•
Quel était le mobi le qui exc itait les Etats
Généraux à agir contre l ' i nstitut ion de ! 'Inqu isition
?
C'était un patriotisme exagéré. En tout temps, i!s.
déployèrent l a plus grande énergie pour repousser l es
i nnovati ons étrangères. Comme ils osaient faire des
remontrane:es au Souverain, quand ses offi ciers portaient
atteinte aux us et coutumes du pays, de même i l s pré
tendaient excl ure tout autre tribunal que celui de l 'Or-,
<linai re dans la connaissance des causes religieuses.
Il ne faut pas j uger de l ' i nquisition d'après les mœurs:.
actuelles et l a l égislation de nos Etats modernes, qu i
professent une parfaite i ndifférence en fait de rel igi on .
La société européenne formait au moyen-âge une vaste
fédération morale, dont le l ien étai t l ' un ité de foi. Es
sayer de briser cette un ité, c'é1tai t attenter à la sécurité
des nations de l 'Europe, aux yeux des personnes éclai
rées. C'est pour la ma i ntenir contre toute tentative au-
1
De Tillier,
His/.
p .
167.