Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy
que la richesse de poisson dans le fleuve printipal représentaient pour les habi tants de la Vallée. Souvent on s'imagine que le poisson ne représente une partie de l'alimentation valdòtaine que dans le monde contemporain. Au contraire les documents nous révèlent que la Doire fournissait le poisson qui constituait la source de protéines dans les périodes où la liturgie ne perme.ttait pas la consommation de la viande. En général les seigneurs valdòtains se résérvaient le droit de pècher dans le fleuve, mais, moyennant finance, ils pouvaient lè céder à des exploitants particuliers. Ceux-d avaient la perrnission de capturer les poissons par tout moyen, mais particulièrement répandue parait l'utilisation des nasses, sorte de filet dans lesquels les poissons s'introduisaient et d'où ils ne pouvaient plus sortir, en restant par conséquent à la merci des pecheurs qui pouvaient ainsi les tirer des eaux. On ne sait quel était le type de poisson qu'on tirait des eaux du fleuve, cependant l'intéret qu'on portait à la peche était cer tainement grand, tellement que les concessions à des particuliers se succédaient tout le long du courant. Parfois dans un bref parcours, selon les seigneuries, les ayants droit à la pratique exclusive de la capture des poissons devaient s'adon ner à leur métier presque coude à coude. Le premier exemple que j'ai pu repé rer à propos de cette forme de concession apparait le 23 septembre 1344 en faveur de tel Pierre Cargnan7, habitant de Saint-Marcel, qui jouissait dé l'exclu sivité de la capture des poissons dans la Golette sous le village de Surpian en utilisant toute sorte de trappe afin d'atteindre son but. Un peu plus loin, en 1381, les frères Jean et Vullerme d'Enchasa déclarèrent jouir de la perrnission de pècher dans les rivages sous le village de Septumian8• Leurs successeurs en jouissaient encore 150 ans plus tard et dans leur reconnaissance ils déclaraient pouvoir eux-memes emporter voire détruire les nasses placées le long du cou rant par des pecheurs ne jouissant d'.aucune concession. On se trouve là dans le cas où les concessionnaires sembleraient etre devenus presque des gardes s'oc cupant de la protection contre les abus sur la faune de la rivière. En certains cas la nécessité de pouvoir utiliser les eaux pour la peche poussait parfois les com munautés à s'adresser au supérieur féodal des seigneurs valdòtains. C'est le cas des citoyens d'Aoste qui, en 1337, quatre années après la publication des fran- Pecheur avec poisson et nasse - Chiìteau de Fénis. Fresque du XV II' siècle. (Département de la Surintendance des activités et des biens culturels - ph. R Monjoie) 13
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