Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy

Histoires d' eau Lès femmes d'Espinassè allaient faire leur lessive au torrent de Trente-Pas, où l'eau est daire et jolie. Les fades y venaient aussi pour leur voler du linge. (Espinasses, Hautes-Alpes, 1958) [HA/73] . Quand les femmes allaient rincer leur linge au totrent de Méronne ou à la Durance, on devait les protéger contre les fadès qui venaient les fouetter, les rouler, les , jeter à l'eau. (Rochebrune, 19 58 ) [HA/354] . [À Chorges], les fades [ . . .] taquinaient les femmes qui vertaient laver au lavoir du Bourget en 'cherchant à les déshabiller, puis ellès èssayaient de leur sortir les seins pour les téter. [ . . .] - Les fées poursuivaient les femmes qui venaient laver, en leur mordant les seins et trayaient (mousié) celles qui allaitaient. - Il fallait que les matis aillent surveiller leurs femmes au lavoir pour les protéger des fées. (1957) [Successivement : HA/ 197, HA/198, HA/199]. 1.5. Le tinge desfé es, porte-bonheur Dans une partie de la Maurienne, le linge des fées, à condition qu'on puisse s'en emparer, devient un porte-bonheur, et certaines familles ont la réputation d'en etre détentrkes. Dans un récit, le vol d'un morceau de leur toile arrache aux fées une prédiction concernant la famille et la descendance de l'intrépide : celle-ci sera riche12• Mais selon un autre récit, les p·aroles de la fée spoliée, annoncènt pour la famille un simple état de « · suffisanèe » : 166 Les fées (fayé) faisaient leur lessive et étendaient leur linge, qui était d'une blancheur et d'une beauté extraordinaire, à la Gran' Pérèla (les Pérelles, lieu� dit sur la commune de Montgellafrey), endroit pie:rreux situé sur le versant mauriennais du col de la . Madeleine. Quatre frères D., de Montgellafrey, se trouvant à la montagne de Replat (èhalets), virent un jour la lessive des fées qui séchait sur les pierres de la Grande Pérelle et décidèrent de se l'appro­ prier. Il fallait pour cela regarder lè linge sans le quitter des yeux un seul instant, sinon il disparaissait. Pendant que l'un d'eux, immobile, fixait intensément le linge à partir du Replat, les troìs autres s'en approchèrent, mais lorsqu'ils furent sur place, les fées avaient déjà presque tout caché sous les pierres ; il n'y avait plus que le bout d'un drap qui dépassait d'une pierre et qu'un des hommes put arracher. Pendant qu'il tirait le à lui, il entendit une fée qui lui disait : « Coupe ici, arrogant ! Pandant que mon mantil chez toi il sera, jamais grande pauvrètf ni grande richesse il y aura. Tu le sortiras troisfois par an : à Paques, à la Saint-Jean et à Noel. » Les quatre frères ramenè­ rent chez eux la pièce d'étoHe et se la partagèrertt ; elle était si grande qu'ils eurent chacun la valeur d'un drap. Jean D., qui fut maire de Montgellafrey, posséderait encore l'une de ces parts. La prédiction se réalisa : lesfamilles où était échu le linge ne furent jamais ni très pauvres ni très riches. (Montgellafrey, 1963).

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